Enchâssement des questions et factivité

old_uid574
titleEnchâssement des questions et factivité
start_date2006/01/30
schedule11h-12h30
onlineno
summaryEn français le verbe savoir admet à la fois les compléments déclaratifs et les compléments interrogatifs. En revanche, un verbe comme croire n’admet que les compléments déclaratifs, et un verbe comme se demander n’admet que les compléments interrogatifs, comme l’indique le contraste entre les énoncés (1)-(3) : (1) Pierre sait que Marie est venue / si Marie est venue (2 Pierre croit que Marie est venue / *si Marie est venue (3) Pierre se demande *que Marie est venue / si Marie est venue Ces contrastes sont robustes d’une langue à l’autre, et une partie importante de la littérature sur les questions a été consacrée au contraste entre les verbes du type savoir et les verbes du type se demander : dans l’analyse intensionnelle des questions de Groenendijk et Stokhof (1982), en particulier, savoir sélectionne l’extension d’une question (i.e. une proposition, de type (s,t)), par opposition à se demander, qui sélectionne l’intension d’une question (i.e. un concept propositionnel, de type (s,(s,t))). Cependant, Groenendijk et Stokhof n’expliquent pas pourquoi croire, qui comme savoir sélectionne des compléments de type propositionnel, n’admet pas de la même façon les compléments interrogatifs. L’objet de ce travail est de rendre compte de ce contraste, et plus généralement de tenter d’expliquer la sélection des compléments interrogatifs par les verbes qui admettent également les compléments déclaratifs, sur la base des propriétés lexicales de ces verbes. Ainsi, il semble qu’il y ait une corrélation entre le caractère factif de savoir, qui admet les questions, et le caractère non-factif de croire, qui n’autorise pas ce type de complément. Cette observation a été faite par plusieurs auteurs (Hintikka 1975, Ginzburg 1995), mais le lien entre factivité et sémantique des questions n’a pas fait l’objet d’un examen propre. L’hypothèse que j’examinerai, que j’appelle l’hypothèse de factivité, est que les seuls verbes qui admettent à la fois les compléments déclaratifs et les compléments interrogatifs sont les verbes factifs comme savoir. Plus précisément, j’examinerai l’hypothèse selon laquelle seuls les verbes véridiques (i.e. qui obéissent au schéma Vp ? p, mais sans nécessairement présupposer le complément p) admettent à la fois les compléments déclaratifs et interrogatifs. Cette hypothèse invite à examiner de près le comportement spécifique de certains verbes, comme dire, qui admet les questions sans toutefois être factif (véridique), ou réciproquement comme regretter (Lahiri 2002), qui est considéré comme factif mais qui n’admet pas les questions. J’examinerai, par ailleurs, dans quelle mesure une théorie purement sémantique fondée sur le caractère factif ou non-factif des verbes peut suffire à rendre compte des données, en comparant cette approche à l’approche pragmatique proposée plus récemment par Saebø (2005) en théorie de l’optimalité. Égré P. (2005), “Question-Embedding and Factivity”, Journées de Sémantique et de Modélisation 2005, Paris. Groenendijk J. et Stokhof M. (1982), “Semantic analysis of whether-complements”, Linguistics and Philosophy 5. Ginzburg J. (1995), “Resolving Questions 1 & 2”, Linguistics and Philosophy, 18. Hintikka J. (1975), “Different Constructions in Terms of the Basic Epistemological Verbs”, in The Intentions of Intensionality, Dordrecht : Kluwer, pp. 1-25. Lahiri U. (2002), Questions and Answers in Embedded Contexts, Oxford Studies in Theoretical Linguistics, Oxford. Saebø K. J. (2005), “A Whether Forecast”, handout of the talk given at the Sixth International Tbilissi Symposium on Language, Logic and Computation.
responsiblesNash