Grammaires de constructions et dynamique langagière. Contribution à la conceptualisation de l’émergence en linguistique

old_uid2049
titleGrammaires de constructions et dynamique langagière. Contribution à la conceptualisation de l’émergence en linguistique
start_date2007/01/15
schedule09h30-10h30
onlineno
summaryL'exposé présentera un programme de recherche qui a pour ambition de modéliser le fait cognitif et la dynamique évolutive qui lui est intrinsèquement associée à travers l'étude de constructions grammaticales émergentes. Dans une perspective centrée sur l'usage, une construction est à la fois stable et potentiellement innovante. D'un côté, l'assemblage symbolique de forme et de sens qui la constitue est relativement figé, dans la mesure où il est le produit conventionnel d'une abstraction collective réalisée à partir de l'expérience linguistique. De l'autre, les locuteurs ne reproduisent pas exactement les mêmes assemblages, ce qui fait que des réanalyses sont possibles. Ce différentiel crée, pour chaque construction, une zone de développement potentiel, grâce à laquelle la grammaire s'adapte à la flexibilité linguistique. Cette zone est révélatrice d'une cognition conçue comme le véritable moteur de la dynamique langagière par laquelle une langue vivante change inéluctablement et de façon progressive. Force est de constater que les catégories grammaticales peinent le plus souvent à suivre l'évolution, ce qui traduit un véritable malaise de la typologie à l'égard de l'idée de gradient. C'est la preuve que les modèles taxinomiques ne sont pas parvenus à intégrer en leur cœur les principes du changement. Ce constat a généré un double questionnement : (i) comment la grammaire parvient-elle à s'adapter à la flexibilité langagière ? (ii) comment mettre en place un modèle linguistique qui puisse rendre compte de cette dynamique ? Notre objectif est de rechercher une adéquation entre la grammaire explicative des linguistes et la grammaire mentale des locuteurs, cette dernière étant conçue comme ensemble structuré d'unités symboliques (ou représentations) procédurales. Nous verrons que le changement linguistique ne se traduit pas forcément par une perte ou un ajout d'unités au niveau de la grammaire, mais implique le plus souvent un réassemblage compositionnel de forme et de sens. Les réseaux d'intégration constructionnelle, sur lesquels se fonde notre modèle, reposent sur l'exploitation plus ou moins consciente de la zone de développement potentiel propre à chaque construction. Chaque réseau est motivé par le fait qu'une construction cognitivement saillante a toutes les chances de jouer un rôle de jalon dans la structuration interne de la grammaire des locuteurs, ce qui la prédispose à exporter tout ou partie de sa trame dans l'élaboration compositionnelle d'autres unités symboliques. Ces dernières ne sont ni plus ni moins que des assemblages inédits de constituants formels et fonctionnels préexistants. Une construction-jalon peut également faciliter l'accès à des assemblages similaires perçus comme plus complexes à traiter. Notre modèle exploite pleinement la dynamique langagière alimentée par la nature paradoxale (stable/instable) des constructions. Il nous permet également de voir que la grammaire n'est pas un système de règles abstraites mais un ensemble structuré d'unités symboliques procédurales en résonance. L'architecture de la grammaire interne prend la forme d'un maillage au sein duquel chaque construction émerge en référence à une unité symbolique repère et peut à son tour servir de jalon cognitif dans l'instauration d'un nouvel assemblage. L'héritage des constructions s'articule donc autour d'une double logique de type jalon/jalonné. Au terme de cet exposé nous proposerons une réhabilitation du concept de représentation en linguistique et rappellerons à cette occasion les termes du débat qui oppose depuis 2002 Pinker et Jackendoff à Hauser, Fitch et Chomsky.
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