Le Français et les langues africaines, du partenariat au linguicide : une analyse des données tirées du contexte gabonais

old_uid3537
titleLe Français et les langues africaines, du partenariat au linguicide : une analyse des données tirées du contexte gabonais
start_date2007/11/28
schedule14h-15h
onlineno
location_infobât. N, salle N1 bis
detailssuite à 15h30
summaryLa présente communication s'inscrit dans le cadre du projet "Evaluation de l'acquisition et de la vitalité des langues vernaculaires gabonaises chez les enfants en milieu urbain". Je présente les résultats d'une enquête préliminaire que mes étudiants et moi-même avons menée auprès de 3600 sujets, à savoir, 1200 enfants de 7 à 12 ans et leurs parents (environ 2400 individus) à Libreville, pour évaluer le niveau de transmission des langues vernaculaires chez les enfants. Toutes les études, qu’elles se fondent sur des critères sociolinguistiques ou psycholinguistiques, s’accordent sur le fait que les langues gabonaises sont, toutes, des « langues en danger » (on se référera à l’Unesco, 2003 ou à Hagège, 2000, pour une définition de ce concept). Les principales raisons souvent invoquées sont, principalement, de trois ordres : (i) la très faible démographie des communautés ethniques donc, par voie de conséquence, le nombre très limité des locuteurs pour chacune des langues vernaculaires, (ii) l’urbanisation des populations et (iii) le bilinguisme d’inégalité avec le français, la langue officielle du pays : - S'agissant de la très faible démographie, le Gabon compte à peine un peu plus d’un million d’habitants, pour une cinquantaine de langues vernaculaires ; ce qui fait que la plupart de ces langues compte un nombre de locuteurs très bas. En effet, à côté des trois « grandes langues » que sont le fang, l'ipunu et l'inzebi qui regroupent, à elles trois, plus de 50% de la population nationale, la plupart des langues vernaculaires comptent moins de 5.000 locuteurs. - S'agissant de l’urbanisation des populations, il apparaît que près de huit gabonais sur dix vivent dans les villes ou à la périphérie de celles-ci, contre à peine un peu plus de deux individus vivant en zone rurale. Or, les langues vernaculaires sont très moribondes dans les villes où le français occupe l’essentiel des fonctions dans la communication quotidienne. - S'agissant, enfin, du bilinguisme d’inégalité, les données de terrain montrent que ombre de Gabonais parlent et/ou comprennent au moins deux langues, dans le sens d'un bilinguisme de base (bilinguisme endogène) qui implique deux ou plusieurs langues vernaculaires à côté de la langue française, de par son statut de langue officielle. Mais plutôt qu'une situation linguistique harmonieuse au sens d’un équilinguisme dans la gestion in vivo des langues en présence, il s'agit, en réalité, d'un grand déséquilibre linguistique par rapport aux fonctions de ces langues dans la communication quotidienne. Toutes les études s'accordent, en effet, sur le constat que les langues vernaculaires connaissent un recul important et qu'elles sont supplantées par le français dans la quasi-totalité des contextes (on se référera à Ondzaga Essoba, 2001 ou à Emejulu et Nzang-Bie, 1999, entre autres).
oncancelChangement de salle
responsiblesHudelot, Kahane