La communication vocale des cercopithèques : nouveau regard sur les précurseurs du langage

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titleLa communication vocale des cercopithèques : nouveau regard sur les précurseurs du langage
start_date2008/06/05
schedule13h30
onlineno
location_infobât. B, 3e étage, salle de réunion, B 314
summaryLe langage humain est le système de communication le plus élaboré et son origine phylogénétique fait toujours débat, notamment parce qu’en tant que comportement, il laisse peu de traces physiques de son évolution. Un moyen de résoudre ce problème est de comparer les capacités communicatives de l’homme et des animaux. Néanmoins, l’existence de précurseurs du langage dans la communication vocale animale ne fait toujours pas l’unanimité. Une des raisons est certainement l’énigme phylogénétique posée par les observations faites chez les primates non-humains. On oppose classiquement la communication vocale flexible, contrôlée socialement, de l’homme, des oiseaux et des cétacés au répertoire vocal fixe, déterminé génétiquement, des singes. Ainsi trois courants de pensées sur l’évolution de la communication ont émergé ces dernières années. Pour les défenseurs d’une discontinuité homme-animal, le langage n’a pas d’équivalent chez l’animal car il repose sur des capacités complexes, comme la syntaxe, propres à l’homme. Un deuxième courant de pensées prône une origine gestuelle du langage, soulignant plus d’analogie entre les primates humains et non-humains, plus particulièrement les grands singes, au niveau gestuel qu’au niveau vocal. Un dernier courant de pensées suggère que le langage humain serait le produit d’une évolution progressive de la communication vocale animale avec pour pré-requis qu’un cri ou un chant, comme le langage, est un acte social et qu’ainsi des pressions sociales ont joué un rôle essentiel dans leur évolution. Nos récentes découvertes sur la communication vocale des cercopithèques forestiers apportent des éléments de discussion nouveaux en faveur de cette théorie et défient l’énigmatique fossé phylogénétique au sein des primates. Ainsi, nous avons découvert chez la mone de Campbell (Cercopithecus c. campbelli) une forme primitive de plusieurs caractéristiques du langage (plasticité, transmission sociale, conversation, sémantique, syntaxe). Par exemple, nous avons observé en captivité, à l’aide d’enregistrements télémétriques, du partage vocal chez les femelles adultes. Deux femelles affiliées émettent une même variante structurale de cri de contact. Ces cris sont de plus émis au sein d’échanges vocaux soumis à des règles d’organisation temporelles et sociales. Chez les mâles, étudiés sur le terrain en Côte d’ivoire, l’analyse acoustique et contextuelle des séquences de cris forts a révélé l’existence de combinaisons sémantiques (proto-syntaxe). Ainsi, sept types de cris stéréotypés sont combinés dans un ordre particulier en fonction de la nature du danger (aigle, léopard, groupe voisin, chute d’arbre…). Ces découvertes nous amènent à penser que plusieurs facteurs pourraient ainsi expliquer l’hétérogénéité des observations faites chez les primates non-humains : la structure et l’organisation sociale du groupe étudié qui définiront les besoins en communication, la qualité de l’habitat dont le niveau de visibilité déterminera l’importance relative des modes de communication vocale et visuelle et enfin la fonction sociale du cri étudié sachant qu’on attendra d’autant plus de plasticité que le cri sera affiliatif.
responsiblesLœvenbruck, Welby