|
Pour une approche conceptuelle de la marque du nombre en créole haïtien| old_uid | 5089 |
|---|
| title | Pour une approche conceptuelle de la marque du nombre en créole haïtien |
|---|
| start_date | 2008/06/16 |
|---|
| schedule | 14h-15h30 |
|---|
| online | no |
|---|
| summary | Bouchard (2002) défend l’hypothèse que la position du nombre, sur D ou N est déterminante pour prédire trois aspects de la syntaxe des groupes nominaux: l’ordre des adjectifs, l’omission possible du nom, et la possibilité d’omettre l’article en position argumentale (Bare Nominal Argument). Or il est clair que la position syntaxique du nombre ne suffit pas a prédire correctement ces propriétés dans les groupes nominaux des créoles a base lexicale française. Pour préserver à la fois les résultats de Bouchard et l’hypothèse (défendue par un grand nombre de linguistes) que le nombre est bien la clef qui permet d’expliquer la distribution des arguments nominaux nus, du moins dans certaines langues nous proposons un modèle qui donne une part importante au rôle conceptuel de la marque du nombre dans le langage.
Le nombre intervient au moins dans deux processus distincts dans le langage, l’individuation et
l’évaluation de quantité (quantization). Seul le premier de ces processus nous concernera ici. Dans l’individuation qui peut se concevoir comme une opération reliant un concept aux objets individuels qui le matérialise, le rôle de la marque de nombre est de fournir/d’associer au concept un critère of division qui relie ses propriétés distinctives aux individus qui l’instancie (Borer 2005). Nous proposerons dans cette présentation que l’individuation peut également s’opérer indépendamment du nombre, par une opération de localisation contextuelle qui peut fournir un critère alternatif de division.
Nous nous appuierons ici sur un parallèle avec les processus d’individuation qui ont été proposés dans le domaine cognitif de la reconnaissance d’objets, qu’elle soit perceptuelle ou conceptuelle. Xu et Carey 1996 ont montré que les enfants peuvent individuer/reconnaître des objets selon deux voies cognitives distinctes: l’une qui passe par les propriétés de l’objet, et l’autre qui fait usage de sa position dans l’espace. M’inspirant de cette distinction cognitive non-linguistique, je proposerai que le langage distingue également plusieurs modes d’individuation. Je poserai en particulier qu’un terme linguistique d’espèce (kind) peut être lié à ces instanciations discursives (instances of a kind) soit par la présence de la marque du nombre (operateur de division des proprietes) soit par un mode de localisation discursive. Dans la logique du modèle esquissé, les langues peuvent choisir différents modes d’individuation et ce choix a alors des conséquences empiriques précises sur la syntaxe des groupes nominaux. Comme nous le montrerons plus précisément, la position syntaxique du nombre n’a d’importance que pour les langues qui utilisent le nombre comme mode d’individuation. Il s’ensuit de notre modèle que les langues qui marquent le nombre sur D n’ont pas toutes les mêmes propriétés et que, dans certaines, la distribution libre d’arguments nus est alors correctement prédite. |
|---|
| responsibles | Zribi-Hertz |
|---|
| |
|