Zones linguistiques en Afrique : arguments phonologiques et prosodiques

old_uid5570
titleZones linguistiques en Afrique : arguments phonologiques et prosodiques
start_date2008/11/13
schedule13h30
onlineno
summaryUne hypothèse centrale des travaux que nous menons actuellement en collaboration avec G. N. Clements  (Clements & Rialland 2008) est que le continent africain peut être divisé en six grandes zones linguistiques, chacune d'entre elles étant définie par un nombre de propriétés phonologiques typologiquement peu fréquentes. Une des zones les plus remarquables est la ceinture soudanique recouvrant la vaste savane qui traverse l'Afrique sub-saharienne de l'océan Atlantique aux hauts plateaux éthiopiens et qui coïncide en grande partie avec la “core area” reconnue par Greenberg  (1959). Nous avons cartographié un certain nombre de propriétés (sons, prosodies) présentes dans des langues africaines.  Ces propriétés sont soit segmentales (occlusives labio-vélaires, voyelles nasales, consonnes implosives et clicks), soit prosodiques (systèmes tonals de trois tons et plus, prosodie de question “relâchée”). Nous avons sélectionné en priorité des traits bien documentés dans un grand nombre de langues, qu'on trouve dans des langues génétiquement distantes parlées dans une même aire et qui apparaissent moins fréquemment hors de  l'aire en question et hors de l'Afrique de façon générale. Les analyses proposées sont étayées par des tableaux statistiques et/ou des cartes. Dans cette présentation, nous accorderons une attention particulière aux faits prosodiques.  Nous considérerons d’abord la répartition géographique des systèmes tonals à trois tons et plus, qui ont des distributions aréales impliquant le plus souvent plusieurs familles de langues, ainsi que les mécanismes d’émergence des systèmes à quatre et cinq tons dans les zones de langues à trois tons. Nous avons pu également dégager une distribution aréale de certaines intonations de question. Une typologie des intonations de question oui/non en Afrique, fondée sur une base de données de 130 langues, sera présentée (Rialland 2007). Un faisceau de marqueurs intonatifs (contour mélodique descendant, allongement vocalique, voyelle basse finale et terminaison soufflée, produite par une ouverture progressive de la glotte) apparaissant soit individuellement soit en combinaison dans de nombreuses langues de la zone soudanique retiendra notre attention. Nous faisons l’hypothèse d’une origine commune pour ces formes d’intonation: une intonation de question descendante « relâchée », à l’opposé de l’intonation de question montante prototypique bien connue dans les langues indo-européennes. Nous présenterons les études phonétiques que nous avons menées sur ces marqueurs de question, en particulier dans des langues voltaïques (moba, ncam, dagara, kabiye), utilisant des méthodes d’investigation physiologiques (mesure de débit d’air, EGG, fibroscopie) pour caractériser les qualités de voix et les mécanismes laryngaux en jeu. Des cartes montreront la distribution géographique de ces intonations et de leurs variations à l’intérieur de la zone soudanique. Elles se trouvent surtout dans les langues du phylum  niger-congo, en particulier au coeur même de cette zone c'est-à-dire dans les familles voltaïque, kwa et kru mais sont aussi présentes dans quelques langues du phylum nilo-saharien, en particulier dans les langues Soudaniques centrales et dans la famille tchadique du phylum afro-asiatique (Rialland, à paraître). Références : Clements , George N. & Rialland Annie. 2008. Africa as a phonological area. In Bernd Heine & Nurse Derek, eds, A Linguistic Geography of Africa. Cambridge University Press, pp. 36-85 Rialland Annie. À paraître. The African “lax”question prosody. Lingua Rialland Annie. 2007. Question prosody : an African perspective, in Tones and Tunes: Studies in Word and Sentence Prosody, C. Gussenhoven and T. Riad (eds.), Mouton de Gruyter, Berlin, 2007, pp. 35-62
responsiblesLœvenbruck, Welby