Problèmes d'identification du médiatif en kurde kurmandji

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titleProblèmes d'identification du médiatif en kurde kurmandji
start_date2008/11/14
schedule14h30-17h30
onlineno
summaryParlé par environ 70 % des Kurdes et environ 90 % des Kurdes de Turquie, le kurmandji se manifeste comme le dialecte le plus important du kurde. Néanmoins un bilan des études sur le système verbal de celui-ci et de ses grammaires relève des sérieux problèmes d’identification des temps et des modes de ce dialecte privé de l’enseignement public en dehors du Kurdistan irakien. Cette étude décrit les problèmes d’identification des temps et des modes en kurmandji et s’applique à les résoudre selon l’emploi du système verbal dans les productions langagières et, pour ce faire, a recours à un corpus constitué de 17 romans kurdes écrits par des Kurdes de Turquie. En effet, le nombre des temps verbaux diffère de 11 à 29 d’une grammaire à l’autre et les grammairiens évoquent au total 32 tiroirs pour quatre modes, l’indicatif, le subjonctif, le conditionnel et l’impératif. Notre étude décrit, tout d’abord, la formation de chaque temps verbal observé dans les grammaires et elle les observe à travers les exemples empruntés au corpus. En s’appuyant sur le modèle aspectuotemporel de Gosselin (1996) et la notion « du monde possible » de Vet (1981), notre étude constate que plusieurs temps verbaux décrits dans les grammaires et les travaux linguistiques effectués sur le kurde ont les mêmes représentations aspectuo-temporelles. Cela vient du fait que les grammairiens n’ont pas pris en compte le dysfonctionnement temporel de certains verbes qui peuvent se manifester sous plusieurs formes pour un seul temps verbal. Les exemples relevés dans le corpus font apparaître d’autres phénomènes de la temporalité en kurde, en rapport avec les différences régionales. L’interprétation de ces phénomènes conduit également les grammairiens kurdes à déceler de nouveaux tiroirs spécifiques. Notre analyse des temps verbaux démontre que le corpus ne présente, en fait, que 16 tiroirs spécifiques et pour cinq modes, le cinquième étant le médiatif qui n’est point décrit en tant que mode dans les grammaires. Le médiatif, en tant que mode, est un nouvel objet d’étude en kurde. On l’a souvent rapproché du Present Perfect Tense de l’anglais ou du Passé Composé du français, alors que, en dehors des effets prolongés de l’événement sur le moment de la parole, les formes de ce mode peuvent s’employer dans le but de transmettre d’autres informations sur la nature du dire et du dit. Une des fonctions importantes de ce mode est de communiquer la source du savoir et de proposer, par ce biais, au locuteur, un moyen précis de se décharger de la responsabilité de l’information transmise. Le médiatif kurde distingue nettement un événement non-témoigné et un événement rapporté à l’aide des formes verbales différentes. Notre corpus fait apparaître trois formes verbales distinctes entrant dans la catégorie du médiatif : prétérit du médiatif, plus-que-parfait du médiatif, imparfait du médiatif, le premier étant décrit parmi les temps de l’indicatif, le deuxième ne figurant pas dans les grammaires kurdes avec une description précise et le troisième n’ayant pas été remarqué dans les grammaires ni dans les travaux linguistiques effectués. L’analyse des formes entrant dans cette catégorie démontre que les événements rapportés au médiatif peuvent par ailleurs marquer une chronologie entre eux. Ainsi, un événement raconté au plusque- parfait du médiatif marque l’antériorité par rapport à un autre événement raconté à l’imparfait du médiatif ou au prétérit du médiatif. Nous observons que le médiatif suit curieusement de près le monde des temps de l’indicatif mais s’en détache sur le plan de précision concernant le temps des événements. Par ce biais, notre analyse aboutit à une description générale du système verbal du kurde kurmandji, englobant 16 temps verbaux et cinq modes.
responsiblesDonabédian