Les formes tronquées en capverdien santiagais

old_uid5955
titleLes formes tronquées en capverdien santiagais
start_date2009/01/12
schedule14h-16h
onlineno
summaryEn capverdien santiagais, un certain nombre (quelques dizaines) de termes courants (essentiellement des substantifs, des verbes, des adverbes et des conjonctions) présentent des formes tronquées (FT), lesquelles se caractérisent par la disparition pure et simple (troncation) de la dernière syllabe (atone) du mot et coexistent dans la langue avec une forme pleine (FP), où cette syllabe est maintenue. Exemples : - sabi ['sabi] (FP) / sa ['sa (FT), savoir. - toma ['toma] (FP) / tó ['to] (FT), prendre. - kása ['kasa] (FP) / ká ['ka] (FT), maison. - móda ['moda] (FP) / mó ['mo] (FT), comme. Ces formes tronquées, particulièrement nombreuses dans les parlers les plus basilectaux (pratiqués par les personnes âgées dans les villages les plus isolés de l'île de Santiago), n'ont à ma connaissance jamais fait l'objet d'une étude spécifique. Elles méritent cependant qu'on y regarde d'un peu plus près. En effet : - la disparition pure et simple de la dernière syllabe (même atone) des mots n'est pas une tendance évolutive fréquente en capverdien santiagais et on peut même dire qu'elle contrevient au canon syllabique établi pour la langue, lequel révèle que le type /'CVCV/ (dissyllabe accentué sur la 1ère syllabe, donc avec une syllabe finale atone) prédomine de façon très nette dans la langue (Quint 2000 : 40) ; - la coexistence d'une forme pleine et d'une forme tronquée pour un même item laisse supposer qu'il existe des règles d'usage pour chacune des deux formes ; - le fait que tous les termes connaissant une alternance FT / FP aient une haute fréquence d'usage confère une importance particulière aux formes tronqués, malgré le faible nombre d'items concernés ; - enfin, le caractère spécifiquement basilectal de beaucoup de ces formes tronquées montre qu'il s'agit d'une tendance autochtone et possiblement déjà ancienne. Dans cette communication, je compte faire un premier point sur les formes tronquées en capverdien santiagais moderne. Tout d'abord, je fournirai la liste commentée des FT que j'ai découvertes au cours de mes enquêtes de terrain. Puis, je m'attacherai à expliquer les causes possibles de leur apparition et à caractériser leur usage en insistant sur les mécanismes qui régissent leur alternance avec les formes pleines. Enfin, je montrerai comment les formes tronquées, malgré leur faible nombre, ont pu jouer un rôle important dans la conformation du lexique courant santiagais. Référence : Quint, Nicolas (2000), Grammaire de la langue cap-verdienne, Paris : L'Harmattan.
responsiblesZribi-Hertz