Les rapports prosodie-syntaxe en ancien français

old_uid6046
titleLes rapports prosodie-syntaxe en ancien français
start_date2009/01/21
schedule16h-16h30
onlineno
summaryEtudier les rapports prosodie – grammaire en ancien français n’est pas chose aisée. Cependant, on peut récupérer des indices prosodiques, du moins des pauses, à travers la versification, et ainsi étudier de quelle manière coïncident, ou non, les frontières de propositions et les frontières prosodiques. A travers l’analyse d’un corpus de subordonnées paratactiques, c’est- à-dire non introduites par un marqueur de type conjonctif, nous montrerons ce que peut apprendre l’étude de ces coïncidences. En 1978, Marchello-Nizia a étudié ces rapports dans un article sur la classe des éléments joncteurs de proposition, et selon cette étude, dans une très grande majorité des cas, en ancien français, les frontières de propositions correspondent aux frontières prosodiques : en vers, et dès l’origine, dans plus de 80% des cas, structure rythmique et structure syntaxique coïncident. Et cela, au point que la césure ou la coupe peut parfois, à elle seule, servir de démarcation syntaxique (Marchello-Nizia 1978 : 37) De même, si l’on prend La Chanson de Roland, pour laquelle Marchello- Nizia notait à plus de 93% la proportion de propositions coïncidant avec la structure rythmique, 90% des frontières de propositions subordonnées paratactiques coïncident avec les frontières prosodiques. Il semble donc que la frontière prosodique puisse effectivement suffire pour marquer les limites entre propositions. Dans les 10% de cas dans lesquels les frontières prosodiques et syntaxiques ne coïncident pas, les propositions paratactiques occupent un seul hémistiche, on a donc deux propositions dans un seul groupe rythmique. On peut faire l’hypothèse que cela constitue une marque de haute intégration syntaxique, ce qui semblerait être confirmé par la présence du subjonctif dans la subordonnée, mode de la subordination : (1) Si li reis voelt, prez sui por vus le face. (Roland 295) si le roi veut prêt suis pour vous le fasse (si le roi le veut, je suis prêt à le faire pour vous) Cependant, si les indices de frontières prosodiques suffisent à établir, dans une grande majorité des cas, les frontières entre propositions, et si on peut supposer qu’en présence de deux propositions dans un seul groupe de souffle il peut s’agir d’une marque d’intégration syntaxique, ces indices ne suffisent pas à établir quelle est la nature du lien entre les propositions, puisque ce type de frontière existe entre des propositions indépendantes comme entre des propositions subordonnées, introduites ou non. On ne peut donc pas dire que les frontières prosodiques codent les frontières syntaxiques, il faut chercher d’autres indices pouvant indiquer la nature de ce lien. Références bibliographiques Glikman, J. à par. « Peut-on établir des critères formels de reconnaissance de la parataxe : l’apport de l’ancien français », in Béguelin, M.J., Avanzi, M. et Corminboeuf, G. Actes du colloque international La Parataxe, Neuchâtel, Suisse, 12-15 février 2007. Glikman, J. à par. « Les complétives non introduites en ancien français », Actes du colloque international Diachro-3, Paris, 20-22 septembre 2006. La Chanson de Roland, Segre C., éd., Genève, Droz, 2003, abrégé Roland Marchello-Nizia, C. (1978) « Un problème de linguistique textuelle: la classe des éléments joncteurs de propositions », in Etudes de syntaxe du moyen-français, Actes du Colloque de Metz, R.Martin éd., Paris, Klincksieck, pp.33-42.
responsiblesNoyau, Gréa