Le projet "Barcode of Life" et ses enjeux

old_uid7999
titleLe projet "Barcode of Life" et ses enjeux
start_date2010/01/22
schedule14h-15h30
onlineno
summaryIl y a une trentaine d’années, avec en un peu plus de 1,5 millions d’espèces décrites par les taxonomistes, la diversité biologique était considérée comme majoritairement connue. Aujourd’hui cette diversité est évaluée, toujours en utilisant les espèces comme unité de mesure, avec un à deux ordres de grandeur supplémentaires. Bien que le taux de description des espèces ait largement augmenté au cours du temps (13 000 espèces décrites environ par an actuellement), il reste largement insuffisant pour décrire les millions d’espèces non encore découvertes. De plus, au rythme actuel d’extinctions des espèces, beaucoup auront disparu sans avoir pu être découvertes. La connaissance de la biodiversité ne se pose donc plus dans les mêmes termes. Au-delà de l’intérêt ou non du défi, la question de nos capacités à s’approcher d’une connaissance exhaustive de cette diversité se pose. Est-ce que les développements technologiques et méthodologiques permettront d’accroître le taux d’acquisition de cette connaissance taxonomique ? L’acquisition de données génétiques est aujourd’hui facilitée grâce aux avancées techniques qui se sont développées notamment grâce à des défis – comme le séquençage des génomes complets – qui semblaient tout aussi insensés. Ces technologies, associées à des programmes d’exploration, permettent potentiellement de relever le défi. Cependant, pour que ces descriptions restent dans un cadre scientifique (celui offert par la théorie de l’évolution), il est nécessaire de s’inscrire dans le processus de proposition et d’évaluation des hypothèses de la taxonomie. Dans ce contexte se développe actuellement le projet « barcode of life » qui vise à lier les données taxonomiques classiques aux données génétiques et de rendre l’ensemble accessible, via le réseau Internet, par des bases de données publiques. Ce projet a vu le jour en 2003 sous l’impulsion du chercheur Paul Hebert et de ses collaborateurs. Le projet propose d’utiliser l’outil moléculaire pour libérer les taxonomistes de leurs tâches d’expertise afin qu’ils puissent pleinement se consacrer à la description des espèces nouvelles. En effet, la demande en expertise taxonomique (qui consister à attribuer un spécimen à une espèce nommée) émane de nombreux domaines comme la gestion des espaces naturels et de l’environnement (où il est nécessaire de reconnaître des espèces protégées, de lutter contre des espèces invasives, de suivre des espèces indicatrices de l’état des milieux), l’agriculture (où il faut identifier des espèces nuisibles), la santé publique (où on doit lutter contre les vecteurs des espèces pathogènes ou contre les pathogènes), l’agro-alimentaire (où il faut vérifier l’identité d’espèces exploitées, par exemple des espèces péchées ou utilisés dans les produits comestibles), mais aussi de la plupart des domaines de recherche de la biologie. Par ailleurs, la population des taxonomistes est vieillissante et peu nombreuse, les infrastructures en taxonomie ne sont pas largement accessibles, la prise de décision en taxonomie est une tâche difficile pour les non-spécialistes. Un consortium international regroupant plus d’une centaine d’organisations de plus de 40 pays (The Consortium for the Barcode of Life) s’est mis en place afin de développer des bases de données permettant de lier les noms d’espèces à des séquences d’ADN au travers de spécimens identifiés par les spécialistes et répertoriés dans des infrastructures de collections. Ce projet permet d’envisager de résorber les goulets d’étranglement identifiés : d’une part, les taxonomistes étant libérés d’une part importante des tâches d’expertise peuvent se consacrer à la production de nouvelles données taxonomiques et donc de progresser dans la description de la biodiversité. D’autre part, le développement de bases de données permettant de lier les codes barre ADN aux spécimens séquencés et aux noms d’espèces doit autoriser un meilleur accès aux ressources taxonomiques. On peut donc penser que la gestion des données à l’aide de telles bases de données informatisées et des moyens de communications informatiques offerts par la toile permettront de mettre en place de nouvelles procédures qui accéléreront notre connaissance de la diversité des espèces.
responsiblesNicoglou, Viciana