Les noms d'état psychologique et leurs "objets"

old_uid8550
titleLes noms d'état psychologique et leurs "objets"
start_date2010/04/12
schedule14h-16h
onlineno
location_infosalle 322
summaryLe cas de polysémie le plus étudié dans la littérature consacrée aux noms déverbaux est sans doute celui des noms, tels que construction, imitation, traduction…, qui peuvent dénoter, outre l’action dénotée par le verbe source, le résultat de cette action (Grimshaw, 1990 ; Rappaport Hovav et Levin, 1992 ; Bisetto et Melloni, 2007). (1) a. La construction des pyramides a duré plusieurs siècles. b. Faire glisser une construction de plusieurs milliers de tonnes relève de la gageure. Le nom construction en (1a) se distingue du nom construction (1b) dans la mesure où lui seul peut être modifié par un complément exprimant le résultat de l’action de construire. Le nom en (1b) n’accepte pas cette modification puisqu’il dénote lui-même le résultat de la construction. Dans cette présentation, nous allons nous intéresser à une autre alternance de sens bien connue chez les noms déverbaux (Alonso-Ramos, 2009) : l’alternance entre un état psychologique (état?) et l’« objet » de cet état, alternance illustrée par le nom obsession en (2). (2) a. Laurent Maisonnave nous parle de son obsession pour la vidéo sur le web. b. Lindsey Vonn n'a qu'une obsession à 3 semaines de Vancouver : ne pas tomber malade. Cette alternance présente des similitudes avec l’alternance illustrée en (1) : le nom obsession en (2a) se distingue du nom obsession (2b) dans la mesure où lui seul peut être modifié par un complément exprimant l’objet de l’état d’obsession. Le nom en (2b) n’accepte pas cette modification puisqu’il dénote lui-même l’objet. On remarque toutefois que, contrairement au nom construction en (1b), le nom obsession en (2b) semble aller de pair avec l’explicitation de l’objet de l’état, explicitation qui ne peut se faire alors que dans une partie de l’énoncé ne dépendant pas syntaxiquement du nom, en l’occurrence ici dans une addition en fin de phrase. La polysémie illustrée en (2) n’est pas une polysémie systématique, c’est-à-dire qu’elle ne s’observe pas chez tous les noms dénotant des états psychologiques (Apresjan, 1974). Notre objectif ici est de voir s’il est possible alors de prédire cette polysémie. Nous procéderons pour ce faire en trois étapes. Nous nous pencherons tout d’abord sur les verbes d’état psy et sur les noms qui leur sont liés morphologiquement, afin de constituer notre corpus d’étude de noms d’état psy. Nous étudierons ensuite les noms d’objet psy en indiquant d’une part leur spécificité par rapport aux noms d’objet qui résultent d’événements (tels que construction, reproduction, etc.) et en les distinguant, d’autre part, de certains emplois de noms d’état psy susceptibles de leur être amalgamés. Enfin, dans un troisième temps, nous proposerons une description précise des noms polysémiques état psy~objet psy au regard des verbes qui leur sont liés, nous permettant de prédire quels noms d’état psy sont susceptibles de produire des noms d’objet psy et quels noms d’état psy ne le sont pas.
responsiblesSoare