| old_uid | 9516 |
|---|
| title | Biologies et philosophie |
|---|
| start_date | 2011/01/14 |
|---|
| schedule | 14h-15h30 |
|---|
| online | no |
|---|
| summary | Dans cet exposé, je souhaiterais m’interroger sur ce qu’est, et sur ce que pourrait être à l’avenir, la « philosophie de la biologie ». Cette interrogation m’est suggérée par le contexte spécifique de la mort de celui qui était sans doute le plus grand philosophe de la biologie, David Hull (1935-2010), ainsi bien sûr que par la saveur particulière qu’a pour moi le fait d’intervenir dans le séminaire « Philbio », que nous avons créé, Anouk Barberousse, Michel Morange et moi-même, il y a quelques années.
La philosophie de la biologie telle qu’elle a émergé internationalement depuis quarante ans possède deux caractéristiques distinctives : premièrement, tout en soulevant des questions incontestablement philosophiques, elle s’est en grande partie construite contre la philosophie générale des sciences, ne posant que très rarement les « grandes questions » de ce domaine (qu’est-ce qu’une théorie, une loi, un modèle ? ; qu’est-ce que l’explication scientifique ? ; etc.) ; deuxièmement, elle s’est focalisée sur un domaine particulier de la biologie, à savoir la biologie de l’évolution. David Hull a joué un rôle important dans l’affirmation de ces deux caractéristiques (Hull 1969 ; Hull 1974), également reflétées par la revue majeure du domaine, Biology and Philosophy, et par les manuels et recueils les plus utilisés (Sober 1984 ; Sterelny & Griffiths 1999 ; Rosenberg & McShea 2008).
Je voudrais ici expliquer pourquoi il me semble que, concernant ces deux caractéristiques, le domaine de la philosophie de la biologie doit aujourd'hui changer. Je souhaiterais ainsi tenter de défendre les cinq thèses suivantes :
i) La philosophie de la biologie doit se pencher non plus exclusivement sur l’évolution mais sur tous les domaines de la biologie, pour faire écho à leur diversité et à la richesse de leur questionnement. En d’autres termes, il y a des biologies, que la philosophie de la biologie doit refléter.
ii) Ce faisant, la philosophie de la biologie restera fidèle à l’un des objectifs les plus importants assignés par ses fondateurs, à savoir celui de se situer au plus près de la biologie elle-même – un horizon qui pourrait être perdu si la philosophie de la biologie continuait à se concentrer exclusivement sur la biologie évolutionnaire.
iii) En s’intéressant à d’autres branches des sciences du vivant, la philosophie de la biologie pourra poser certains des grands problèmes de philosophie générale des sciences, et contribuer à leur explicitation.
iv) En s’intéressant à d’autres branches des sciences du vivant, la philosophie de la biologie continuera de poser des questions incontestablement philosophiques.
v) En s’intéressant à d’autres branches des sciences du vivant, la philosophie de la biologie pourra même renouveler ses questionnements dans le domaine de la biologie évolutionnaire lui-même.
Je m’appuierai sur plusieurs exemples, et notamment, à titre exploratoire, sur celui de la philosophie des neurosciences (en particulier sur Craver 2007), pour essayer de montrer ce qu’une philosophie de la biologie proche tout à la fois de la science, de la philosophie des sciences, et de la philosophie générale pourrait être. |
|---|
| responsibles | Kostyrka, Laplane |
|---|
| |