Jugement Majoritaire : une Nouvelle Théorie du Vote

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titleJugement Majoritaire : une Nouvelle Théorie du Vote
start_date2012/03/16
schedule14h
onlineno
location_infosalle 5
summaryLe problème fondamental de la théorie du choix social est d’agréger les «opinions» de plusieurs «juges» ou "électeurs" pour arriver à une «opinion» du jury ou de l’électorat. Le modèle traditionnel demande à chaque juge ou électeur de réaliser une «liste de préférence», sur laquelle il inscrit, en première place, son candidat (ou son alternative) préféré, en seconde place, celui qui vient ensuite, ... Le mode de scrutin à deux tours utilisé en France relève plus d’une tradition que d’une vérité universelle. En Australie ou en Irlande, les électeurs sont obligés de ranger tous les candidats du meilleur au pire (comme dans le modèle traditionnel). Le gagnant est trouvé en suivant une procédure appelée vote alternatif: on élimine (à chaque itération) le candidat ayant le moins de fois été premier, on transfère les voix des électeurs qui le classe premier au candidat suivant sur la liste et on recommence la procédure jusqu’à aboutir à une majorité pour un candidat. L’étude formelle des modes de scrutins est une tradition Française qui a commencé un peu avant la révolution Française par Condorcet, Laplace et Borda. Condorcet a montré qu’il est possible que la société préfère à la majorité le candidat A à B, B à C et C à A. C’est son célèbre paradoxe. Ignorant cela, Arrow a réintroduit en 1951 le modèle de Borda et Condorcet. Il a montré qu’il n’existe aucun mécanisme qui désigne toujours un gagnant (évite le paradoxe de Condorcet) et où le retrait d’un perdant ne change pas le gagnant (il évite le paradoxe d’Arrow). L’élection présidentielle de 2002 est une parfaite illustration du paradoxe d’Arrow. Le retrait de Jean-Pierre Chévènement ou de Christiane Taubirat aurait pu permettre l’élection de Lionel Jospin. D’autres théorèmes d’impossibilités ont été établis par la suite, peut être le plus important est-il celui de Gibbard & Satterthwaite. Ce théorème dit qu’il n’existe pas de mode de scrutin où la stratégie dominante de chaque votant consiste à voter sincèrement. L’élection présidentielle de 2007 est une parfaite illustration: en réaction au séisme de 2002, plusieurs électeurs ont voté utile. D’autres approches, non couvertes par le modèle traditionnelle, existent en pratique. Dans le vin par exemple, un juge doit typiquement juger une dizaine de caractéristiques (goût, couleur, odeur, …), chacune dans l’échelle (Excellent, Très Bon, Bon, Moyen, Médiocre et Mauvais). Inspiré et motivé par la pratique (vin, patinage, musique, …), le nouveau paradigme, suppose l’existence d’un ingrédient supplémentaire qui permet de mesurer les mérites des candidats: une échelle commune d’évaluations des mérites (comme les T dans Télérama ou les étoiles de Michelin). Nous l’appelons un «langage commun». Par opposition, classer comme dans le modèle d’Arrow et Condorcet est une mesure relative. Le rang d’un candidat change si on rajoute ou supprime un autre. Cela nous a amené à élaborer une nouvelle théorie du choix social : le jugement-majoritaire. Cette modélisation du problème permet de se débarrasser des impossibilités et incompatibilités de la théorie classique. Nous montrons que le jugement majoritaire est l’unique règle qui évite les paradoxes de Condorcet et d’Arrow et qui résiste le mieux aux diverses manipulations stratégiques. Le jugement majoritaire a été testé au premier tour de l’élection présidentielle de 2007 dans trois bureaux de vote d’Orsay et dans bien d’autres instances, comme les primaires socialistes en 2011.
responsiblesBerestycki, Nadal