Cool & Hot Colors

old_uid11191
titleCool & Hot Colors
start_date2012/03/30
schedule11h-12h
onlineno
summaryPourquoi a-t-on deux narines? C'est une question de loin surprenante, mais est-ce que quelqu'un aurait une réponse? Certains travaux suggèrent que chaque narine pourrait sentir des choses différentes de l'autre et que l'expérience olfactive serait le résultat de la combinaison des deux. Des travaux de notre laboratoire se sont penchés sur cette question en employant la méthode du stimulus critique absent et en visant le second système de la cavité nasal, le trigéminal (responsable de la perception de la temprérature, entre autres). Nous avons demandé à des sujets de flairer avec une seule narine une solution aqueuse colorée, inodore et dépourvue d'agents thérmiques, et de juger de la température nasale ressentie - frais ou chaud. Sans surprise, nous avons trouvé que la couleur de la solution guidait la réponse (rouge-chaud, vert-frais). Mais nous avons également découvert que le rouge donnait plus de réponses "chaud" lors des stimulations de la narine gauche, et que le vert donnait plus de réponses "frais" lors des stimulations de la narine droite. Nous avons observé à plusieurs reprises ce résultat après certaines manipulations visant à éliminer tout biais méthodologique, allant même jusqu’à présenter toujours le même bocal à flairer ! Contrairement au système olfactif qui est ipsilatéral (la narine droite transmet les signaux vers l’hémisphère cérébral droit, et vice versa), le trijumeau est un système controlatéral. Ainsi, la première idée qui vient à l’esprit est une spécialisation cérébrale hémisphérique droite (narine gauche) pour les traitements de températures chaudes, et gauche (narine droite) pour des températures froides, en plus d’un traitement bilatéral pour les deux extrêmes du continuum. L'étude d'un cas rare avec lésion insulaire nous as permis d'identifier le rôle de cette structure dans les traitements latéraux de la température, mais aussi de poser l'hypothèse quant à l'existence d'une balance interhémisphérique permettant de traiter mieux une température par une narine, plutôt qu'une autre. Enfin, une analyse détaillée des performances d'un grand échantillon de sujets sains a permis de vérifier l'hypothèse de la balance interhémisphérique et de proposer un modèle neurologique explicatif. En réponse à la question initiale, nos travaux suggèrent que des facteurs périphériques seuls ne peuvent pas expliquer les différences entre les narines, et surtout des jugements thérmosensoriels nasaux latéralisés induits par les couleurs. Nous pensons que chaque narine transmets des signaux à des systèmes hémisphériques spécialisés distincts qui sont activés sur la base des attentes liées à la tâche à effectuer. Des interactions inhibitrices et excitatrices mutuelles entre de tels systèmes indépendants créerait une balance que aiderait choisir la réponse la plus plausible, basée sur les indices disponibles dans une autre modalité sensorielle.
responsiblesPélissier