Épistémologie sociale goldmanienne, normativité et valeur de la connaissance

old_uid11394
titleÉpistémologie sociale goldmanienne, normativité et valeur de la connaissance
start_date2012/05/16
schedule17h-19h
onlineno
location_infoInternationale
summaryDans le cadre d'une épistémologie externaliste et fiabiliste, Alvin Goldman, dans Knowledge and social world, entend insister sur le caractère social de la connaissance (voir aussi Goldman [1994]). Telle qu'il la conçoit, l'épistémologie sociale s'écarte, au moins en partie, de l'épistémologie traditionnelle et, à plus forte raison, des épistémologies internalistes qui imposent à la connaissance un critère d'accessibilité (le sujet sait que p si et seulement s'il sait qu'il sait). A l'inverse, l'épistémologie fiabiliste, et son prolongement dans l'épistémologie sociale d'Alvin Goldman, propose une description de la connaissance dans laquelle un tel critère est superflu. Mais, dans ces conditions, n'est-ce pas là une manière de sonner le glas de l'épistémologie ? Dans un premier temps, on se demandera en effet en quoi l'épistémologie sociale que propose Alvin Goldman constitue une véritable épistémologie. En quoi cette épistémologie reste-elle une épistémologie normative (irréductible à la simple description des processus/méthodes fiables d'acquisition des connaissances) ? Dans un second temps, nous mettrons l'accent sur certaines réticences que nous pourrions avoir au sujet de l'épistémologie sociale d'Alvin Goldman. Par exemple, certain(e)s pourront trouver particulièrement rebutante l'idée que défend Alvin Goldman selon laquelle la vérité (objective) est le but épistémique principal de la connaissance et le critère grâce auquel l'épistémologue peut/doit évaluer les processus/méthodes d'acquisition des croyances. Une autre difficulté sérieuse de l'épistémologie sociale que nous soulèverons est que cette épistémologie ne semble pas pouvoir rendre compte de la valeur (épistémique) que nous attachons à la connaissance (Zagzebski [1996], [2003]). De manière générale, et contrairement ce que pense Alvin Goldman, une épistémologie sociale qui met l'accent sur les vertus épistémiques des agents est plus à même de rendre compte de la valeur de la connaissance que ne l'est une épistémologie qui ne s'appuie uniquement que sur la notion de vérité et sur celle de fiabilité des processus/méthodes d'acquisition des croyances dans notre monde social. Après tout si l'épistémologie doit être « sociale » et que la connaissance a véritablement plus de valeur que la simple croyance vraie, tout porte à croire que cette valeur se fonde sur les agents épistémiques eux-mêmes qui poursuivent la connaissance au sein d'interactions sociales. L'épistémologie des vertus (ou ses différentes versions) n'est certes pas elle non plus sans difficultés. Néanmoins, nous suggérerons que si un tournant « social » doit être engagé ou renforcé en épistémologie, il est à craindre que celui-ci nous éloignera (malheureusement ou fort heureusement) du projet et des aspirations « naturalistes » qui, dans le sillage de Quine, animent Alvin Goldman en épistémologie (notamment dans Goldman [1979] ; [1986]).
responsiblesRebuschi