Ragots autour d'un argot : une analyse du verlan

old_uid11435
titleRagots autour d'un argot : une analyse du verlan
start_date2012/05/24
schedule11h
onlineno
location_infoA
summaryIl est de notoriété commune que la fonction cryptique du verlan   consiste en une réorganisation de mélodie segmentale dont l'effet   recherché est le brouillage de l'identité lexicale du morphème de   base. Toutefois, les analyses divergent quant à la nature exacte du   processus menant à cette mutation d'identité. La vision la plus   répandue est celle de la métathèse, une règle transformationelle qui   intervétit l'ordre des segments, des syllables ou des pieds métriques   de la forme de base après l'avoir divisée en deux parties (Antoine   1998; Azra & Cheneau 1994; Lefkowitz 1989, Méla 1991, 1997; Plénat   1995; Weinberger & Lefkowitz 1992, Zerling 1999, Walker 2006, etc.).   Plénat (1995) s'éloigne de ce consensus en proposant une approche   morphologique qui s'inspire des analyses du redoublement (Marantz 1982). Nous suggérons dans cette communication que cette dissidence de Plénat   est justifiée, essentiellement en raison du caractère aléatoire de la   règle de métathèse, mais proposons une analyse non-morphologique en   termes de ré-encodage lexical. Notre approche s'inspire paradoxalement   de suggestions faites dans des analyses antérieures de la métathèse,   en particulier Hume (2004) et Lefkowitz (1992). De façon plus précise,   nous proposons que la verlanisation est un processus de ré-encodage   phonologique de matériel lexical en sens inverse (c'est-à-dire de   droite à gauche). Ce ré-encodage à rebours du matériel lexical permet   non seulement de distinguer la verlanisation des données classiques du   redoublement, mais il permet surtout de rendre compte de la création   d'une nouvelle entité lexicale tout en justifiant l'absence   d'affixation. Notre analyse démontre aussi que les suites segmentales de forme   canonique CV en français sont monosyllabiques, alors que celles de   type CVC sont résolument dissyllabiques, suggérant ainsi que les   locuteurs du verlan ont accès à la représentation abstraite (sous- jacente) des formes de l'input. Nous terminerons par quelques   spéculations sur la nature inversée de la computation du matériel   lexical observée au cours de la verlanisation.
responsiblesBel, Welby