Réduction de la complexité dans la production et la perception de la parole. Tests d'hypothèses dans une approche par systèmes dynamiques

old_uid11913
titleRéduction de la complexité dans la production et la perception de la parole. Tests d'hypothèses dans une approche par systèmes dynamiques
start_date2012/12/05
schedule13h30
onlineno
location_infoAmpère
summaryComplexité et variabilité caractérisent un grand nombre voire tous les aspects de notre activité langagière. Il est raisonnable de postuler qu’une partie importante de la variabilité des formes linguistiques est due à la complexité et à la variété des facteurs qui affectent l’activité langagière. Un des problèmes centraux en sciences du langage est de savoir comment les locuteurs font face à une telle complexité. Plusieurs auteurs ont défendu l’idée que les mécanismes de réduction de la complexité dans le traitement de la parole, ont une nature dynamique. En effet, une approche par systèmes dynamiques permet de rendre compte de la flexibilité du comportement aussi bien en perception qu’en production du langage et, au jour d’hui, beaucoup de modèles théoriques s’appuient sur de tels principes dynamiques. La flexibilité inhérente aux modèles proposés dans ce cadre théorique a pour conséquence que la vérification des hypothèses formulées impose un approche spécifique et souvent le développement de méthodes originales. Celles-ci doivent prendre en compte l’interaction entre des processus qui affectent des niveaux de traitement différents et qui se déroulent sur des échelles temporelles différentes. L’étude de perception que nous avons menée dans le cadre de notre doctorat visait à explorer un cas  paradigmatique d’interaction entre échelles temporelles différentes : l‘interaction entre des phénomènes d’apprentissage et des phénomènes responsables de la flexibilité du comportement perceptif. La modélisation théorique et l’analyse de données empiriques nous ont permis de mettre e évidence comment la flexibilité du système perceptif est modulée par l’apprentissage de façon telle que ce système puisse changer de comportement selon le niveau de familiarité qu’il entretient avec les stimuli. L’interaction observée permet aux auditeurs de faire face à la variabilité des signaux à traiter tout en étant capable d’apprendre de façon stable de nouvelles régularités. Dans la production de la parole, l’interaction entre phénomènes se produisant à des niveaux différents est souvent source d’ambigüité dans l’interprétation des résultats des expériences. Dans ce domaine, nous avons analysé les trajectoires articulatoires de la mâchoire, des lèvres et de la langue dans une expérience de répétition d’énoncées dissyllabiques visant à éliciter l’effet labial-coronal (dans les séquences CVCV présentes dans les lexiques de plusieurs langues et contenant une consonne labiale et une consonne coronale, la labiale tend à précéder la coronale plutôt que l’inverse, Rochet-Capellan et Shwartz, 2007, Vallée, Rossato, Rousset, 2009). Les résultats de l’analyse des relations temporelles entre les articulateurs (en termes de phase relative) et de la variabilité de leurs mouvements conjoints suggèrent que la cause de ce phénomène est à rechercher au niveau biomécanique, où les contraintes sur le mouvement de la mâchoire et la force du couplage entre la mâchoire et la langue rendent plus stable les séquences CVCV si la consonne labiale précède la coronale. La dernière partie de notre présentation sera consacrée à notre projet de recherche pour les prochaines années. En production de la parole, nous proposons d’utiliser une approche multi-variée au « time delay embedding » (Vlachos and Kugiumtzis, 2008) et des variantes de l’analyse des récurrences (Goswami, Ambika, Marwan and Kurths, 2011) pour caractériser le couplage entre les articulateurs. Cette méthode nous permettra 1) d’étudier les structures de contrôle dans des tâches linguistiques et dans des tâches de mouvements non linguistiques ; 2) d’associer de façon empirique les patrons spatio-temporels mesurés avec EMA à des unités de nature linguistique ; 3) de mesurer le couplage entre articulateurs (comme le larynx ou le voile du palais) dont la position dans l’espace n’est pas mesurable directement. En perception, nous proposons 1) de vérifier si compétence auditive et compétence phonétique sont intégrées dans l’identification des formes linguistiques et 2) de déterminer si les unités de traitement de la parole changent de taille selon la prédictibilité du contenu linguistique du signal.
responsiblesLoevenbruck, Welby