L'indexicalité temporelle de "maintenant"

old_uid11996
titleL'indexicalité temporelle de "maintenant"
start_date2013/01/15
schedule16h30-18h30
onlineno
location_infobât. F, salle F108
detailsSéminaire du groupe Langage
summaryA mi-chemin de la linguistique, de la logique et de la philosophie du langage, l’approche sémantique formelle du langage se donne pour objets d’étude (notamment) le mode de référence des expressions verbales et, quand ces expressions y sont sensibles, le contexte pertinent pour leur opération référentielle, ces deux paramètres permettant, par la détermination de la valeur référentielle de l’expression, celle des conditions de vérité de l’énoncé dans lequel l’expression figure éventuellement. Les deux questions de la référence et du contexte sont particulièrement importantes lorsqu’on s’intéresse aux indexicaux (ou : déictiques), i.e. (en première analyse) à ces expressions dont la référence est déterminée par certains traits du contexte de leur occurrence (comme « je », « cet objet » dans son emploi déictique, « ici », « hier » etc.). Il existe de multiples formes de l’indexicalité temporelle dans les langues naturelles. Ma conférence portera sur un cas spécifique, largement discuté : celui de l’adverbe « maintenant » considéré dans ses emplois temporels – j’étendrai parfois mon propos au cas de « now ». L’une des difficultés qu’offre le traitement de « maintenant » (ainsi que celui de « now ») est l’hétérogénéité des contextes temporels dans lesquels il est susceptible d’apparaître, puisqu’il peut modifier aussi bien des verbes au temps du présent que des verbes au temps du passé. Deux théories rivales s’affrontent sur les questions du compte rendu à donner des emplois de « maintenant » au temps du passé et de leur rapport avec ceux au temps du présent. L’analyse token-réflexive, issue d’une tradition classique en sémantique formelle, soutient que « maintenant » est un réflexif d’énonciation (Reichenbach, 1947 ; Prior, 1968 ; Kamp, 1971 ; Kaplan, 1989 ; Vuillaume, 1990, 2008 ; De Saussure, 2008). Mais le cas des emplois au passé a amené certains sémanticiens (Kamp & Reyle, 1993 ; Recanati, 2001, 2010) à remettre en cause l’idée que toutes les occurrences de « maintenant » sont régies par une règle sémantique token-réflexive et à soutenir que, dans certains de ses emplois tout au moins, « maintenant » fonctionne non comme un indexical mais comme un perspectival, i.e. comme un terme qui réfère à un point de perspective temporelle sans qu’aucun locuteur n’ait à occuper ce point pour énoncer l’adverbe en question. Après avoir rappelé les termes de ce débat, je développerai l’idée que « maintenant » peut avoir pour règle sémantique de référer à l’instant de sa réception, et en conséquence, de fonctionner dans certains cas comme un réflexif de lecture. Je le montrerai en pointant ce qui sépare les deux cas de communication différée – rarement distingués – où « I am not here now » forme le contenu d’une note écrite destinée à informer un visiteur de l’absence du scripteur et où il constitue le message d’accueil d’un répondeur téléphonique (Sidelle, 1991 ; Predelli, 1998 ; Parsons, 2008). Cela me conduira à rejeter la théorie perspectivale et à amender la théorie token-réflexive, y compris dans sa version vuillaumienne. Références De Saussure, L., « Maintenant : présent cognitif et enrichissement pragmatique », 2008 ; Kaplan, D., « Demonstratives », 1989 ; Kamp, H., « Formal Properties of ‘Now’ », 1971 ; Kamp, H. & Reyle, U., From Discourse to Logic, 1993 ; Parsons, J., « Assessment-contextual Indexicals », 2008 ; Predelli, S., « Utterance, Context, and the Logic of Indexicals », 1998 ; Prior, A.N., « Now », 1968 ; Recanati, F., « Are ‘Here’ and ‘Now’ Indexicals? », 2001 ; Recanati, F., « Indexicality and Context-Shift », 2010 ; Reichenbach, H., Elements of Symbolic Logic, 1947 ; Sidelle, A., « The Answering Machine Paradox », 1991 ; Vuillaume, M., Grammaire temporelle des récits, 1990 ; Vuillaume, M., « Maintenant en contexte narratif non-fictionnel », 2008.
responsiblesAchard