Emergences lexicales en langue des signes française (LSF) : enseignements et questionnements sur la nature des unités et les niveaux d’organisation en langue des signes

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titleEmergences lexicales en langue des signes française (LSF) : enseignements et questionnements sur la nature des unités et les niveaux d’organisation en langue des signes
start_date2013/04/15
schedule09h30-11h30
onlineno
location_infosalle 159
summaryLa linguistique des langues des signes (LS) s’est fondée sur l’analyse par Stokoe (1960) pour la LS américaine de ce qui a d’emblée été posé comme l’unité lexicale, le « signe », équivalent de l’unité de 1ère articulation des langues vocales (LV) et, comme elle, analysable en unités minimales assimilées à des phonèmes. Pourtant, et même si la littérature continue depuis lors à modéliser les LS selon les niveaux classiques de l’analyse linguistique (phonologie,                 morphologie, syntaxe, discours), les particularités des unités dites phonémiques sont soulignées depuis longtemps et de plus en plus souvent par nombre d’auteurs et pour diverses LS. La plus notable est que, à un degré sans équivalent dans les LV et de manière régulière, ces unités sont porteuses de sens (e.g Friedman 1977, Boyes-Braem 1986, Brennan 1990, Johnston & Schembri 1999, Fernald & Napoli 2000, Tobin 2008, Meir & Sandler 2008). Selon Meir (2012), la question théorique du statut de ces unités, ni phonèmes ni morphèmes au sens classique, est l’un des défis actuels de la linguistique des LS. C’est dans ce contexte que nous nous focalisons sur les émergences lexicales en LSF, pour dégager, in vivo, les processus, structures et types de composants mobilisés. L’étude se fonde sur l’analyse de ± 300 ‘candidats lexèmes’ de LSF, extraits sous la supervision de 2 locuteurs sourds d’un corpus de dialogues entre adultes sourds (55 locuteurs de 18 à 60 ans, 106 h, Garcia et L’Huillier 2012). Outre le protocole de collecte de ces discours et les questions liées à l’identification des unités nouvelles, nous préciserons les modalités complémentaires d’analyse : 1/ annotation sous ELAN de parties de 2 entretiens (1h30) ; 2/ analyse contrastive chez 4 locuteurs de constructions discursives récurrentes dont le statut problématique (unités en voie de lexicalisation ?) éclaire les processus en jeu dans la création de nouvelles unités. Le modèle sémiologique (Cuxac 2000), cadre de nos analyses, identifie deux types majeurs d’unités en LS, les unités lexématiques (UL, les « signes ») et les unités de transfert (UT), actualisant deux modalités sémiologiques de production du sens : un dire conventionnel du type de celui des unités lexicales des LV (UL) et un ’dire en montrant’, directement structuré par l’iconicité (UT). La dynamique discursive repose sur le va-et-vient entre ces deux types d’unités, de même format et dont il a été proposé qu’elles seraient composées d’unités minimales de type ‘morphème’, en grande partie communes. Les procédés de création lexicale les plus fréquents dans notre corpus attestent de fait de la forte conscience épilinguistique chez les locuteurs de l’inscription des composants infra-signes et infra-UT dans des paradigmes d’items forme-sens. Ces procédés consistent en 1/ la modification d’un ou deux composants d’une UL préexistante, 2/ l’assemblage de composants déjà présents dans d’autres signes, souvent 3/ articulés autour d’un composant porteur à lui seul de la valeur d’une UL pré-existante. Ces procédés (qui mettent en cause la classique « composition ») contribuent surtout à resserrer l’économie interne du lexique en ‘familles de signes’ articulées autour d’un ou plusieurs items communs. Cette intégration économique, qui apparaît comme l’un des vecteurs de réussite des candidats lexèmes, interroge le statut morphologique de ces noyaux communs. Parallèlement, nous le montrerons, ce                 sont ces mêmes composants minimaux forme-sens qui sont mobilisés et agencés au sein de constructions morpho-syntaxiques et discursives simultanées (imbriquant deux UL ou une UL et une UT) dont les structures sont isomorphes de celles observées dans les nouveaux lexèmes. Ces observations attestent a minima de l’autonomie structurale de ces composants, plaident pour leur identification comme items lexicaux et contribuent à expliquer le nombre toujours restreint de lexèmes dans les LS. http://www.umr7023.cnrs.fr/sites/sfl/IMG/pdf/SeminaireUMR7023Garcia2013.pdf
responsiblesSoare, Ferret