La construction des identités dans les visites guidées : le positionnement spatial et interactionnel des participants

old_uid12546
titleLa construction des identités dans les visites guidées : le positionnement spatial et interactionnel des participants
start_date2016/11/14
schedule14h-16h
onlineno
summaryLes visites guidées constituent un terrain de choix pour l’étude de l’interaction en mobilité, tout en permettant d’analyser la manière dont les participants négocient leurs identités et leur expertise dans ce contexte. Dans la première partie de cette présentation, nous nous focalisons sur l’organisation de la mobilité dite collective. Les visites guidées se caractérisent par une alternance entre déplacements conjoints des participants et phases d’interaction à l’arrêt (De Stefani 2010, 2013). Cette organisation de la visite guidée selon un principe stop-and-go est un accomplissement interactionnel. Ainsi, nous nous proposons d’analyser comment les participants réalisent la transition de l’interaction « en mouvement » à l’interaction « à l’arrêt » et vice-versa. Cette transition s’accomplit à travers une réorientation collective des participants qui adoptent un positionnement appelé F-Formation par Kendon (1990). Toutefois, le déplacement et la réorganisation spatiale des participants ne se font pas au hasard mais en accord avec l’environnement et l’objet qui sera au centre des explications du guide. Par exemple, certaines infrastructures spatiales (rues, obstacles, endroits étroits) et éléments de l’environnement (visibilité réduite, etc.) peuvent influencer la manière dont les participants se positionnent et se réorganisent. La deuxième partie de cette intervention se penche sur les catégories sociales que les participants rendent pertinentes pendant les visites guidées (De Stefani & Mondada 2014, sous presse). À première vue, la distinction catégorielle entre « guide » et participants « guidés » paraît évidente. Néanmoins, l’analyse de nos données permet de voir que d’autres catégories entrent en ligne de compte. Par exemple, les guides peuvent aborder les touristes comme des « adultes », des « étudiants », des « locaux » etc. De leur côté, les touristes peuvent s’afficher comme des « experts » sur certains sujets ou rendre pertinentes certaines catégories institutionnelles, comme lorsque des « enseignants » accompagnent des écoliers lors d’une visite guidée. L’identité a souvent été perçue – tant au sens commun que dans les travaux antérieurs sur la question – comme une combinaison de caractéristiques propres à une personne. Cette vision est remise en question par des approches socio-constructivistes et éthnométhodologiques, ainsi que par l’analyse conversationnelle (Garfinkel 1967 ; Sacks 1992), qui expliquent que l’identité ne peut pas être réduite à une dimension statique. À l’aide de sa Membership Categorization Analysis, Sacks (1972) a montré comment les pratiques interactionnelles des participants sont liées aux catégories sociales qu’ils rendent pertinentes in situ. En d’autres termes, les catégories sociales ne sont jamais définitives mais continuellement accomplies dans et par l’interaction. Ainsi, les participants peuvent défier l’autorité et l’expertise du guide – souvent considérées comme acquises. C’est précisément sur ces moments interactionnels que porte la deuxième partie de cette présentation. Nous offrons une analyse détaillée de la manière dont les participants se disputent l’autorité épistémique en montrant comment ces conflits émergent et comment ils sont ensuite résolus. L’analyse se base sur un corpus vidéo de six visites guidées en italien récoltées dans différents contextes (musées, châteaux, villes) en Suisse et en Italie (Bellinzona, Milan, Naples). Ces données sont analysées selon les principes et les outils de l’analyse conversationnelle et de l’analyse interactionnelle.
responsiblesDétrie, Pélissier