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La distinction de l'inversion nominale dans les subordonnées| old_uid | 13190 |
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| title | La distinction de l'inversion nominale dans les subordonnées |
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| start_date | 2013/12/13 |
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| schedule | 14h |
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| online | no |
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| summary | Le Bidois (1952 : 302-320) note que VS est seulement possible dans les subordonnées causales (1b) et concessives (1a) en présence d’un facteur ‘secondaire’ favorisant VS (comme la présence d’un groupe prépositionnel ou adverbe devant le verbe, le fait que le sujet contient une relative, etc.), alors que la présence d’un tel facteur n’est pas requise dans les temporelles (2a) et les comparatives (2b).
(1)a. Bien que dans leur conversation résonnât une rumeur qui ne semblait pas nouvelle,…
b. C’était peut-être parce qu’étaient si divers les êtres que je contemplais en elle à cette époque…
(2)a. Quand avait débuté le salon Sainte-Euverte… (Proust, cité dans Le Bidois 1952:302)
b. Il souffre comme souffriraient ses bêtes. (Dorgelès, cité dans Le Bidois 1952:329)
Depuis Le Bidois (1952), aucune tentative n’a été entreprise de vérifier la distribution de VS dans les subordonnées adverbiales, et cette observation n’a jamais été expliquée. Le but de notre exposé est de montrer que la position postverbale du sujet dans les subordonnées se justifie par l’interaction spécifique des propriétés sémantiques de la subordonnée d’une part et des caractéristiques informationnelles de la construction VS de l’autre.
Tout d’abord, sur la base d’une analyse de corpus dans Frantext (1950-2000), nous montrerons que VS apparaît uniquement dans une subordonnée causale ou concessive en présence d’un ou de plusieurs facteurs de la liste suivante : (i) la présence d’un élément spatio-temporel devant le verbe ; (ii) l’indéfinitude du sujet ; (iii) le fait que le sujet comporte une relative restrictive ; (iv) le fait que le sujet est le foyer d’un contraste, ou (v) la présence d’un adverbe paradigmatisant au sein de la phrase (Nølke 1993). Nous proposerons que les facteurs (ii) à (v) sont des indications explicites de l’interprétation focale du sujet postverbal. Un tel facteur n’est pas présent dans tous les cas de VS dans les temporelles, les comparatives et les corrélatives. Notre analyse de corpus permet donc de vérifier l’observation de Le Bidois (1952) et de déterminer précisément quels ‘facteurs secondaires’ favorisent l’apparition de VS.
Nous distinguerons ensuite les subordonnées assertives des subordonnées non assertives, sur la base du test de la modalité, qui consiste à introduire dans la phrase des compléments assertifs comme peut-être et probablement (cf. Melis 1983:167). Nous montrerons que l’application de ce test aux subordonnées adverbiales permet de conclure que les temporelles, les comparatives et les corrélatives sont des phrases assertives, contrairement aux concessives et aux causales. Une comparaison de cette classification sémantique des subordonnées avec les résultats de notre analyse de corpus révélera que VS est précisément permis sans facteur supplémentaire dans les subordonnées qui ne sont pas assertives.
Nous expliquerons cette généralisation descriptive par le biais de l’interaction entre l’assertion et l’interprétation du sujet. Le sujet préverbal d'une proposition est, par défaut, interprété comme la ‘base de l'assertion’ (le sujet de la prédication), c'est-à-dire l’élément vis-à-vis duquel la vérité d'une proposition est évaluée (cf. Strawson 1964, Erteschik-Shir 1997/1999). Dans les phrases assertives, mais pas dans les phrases non assertives, le sujet grammatical peut donc potentiellement être interprété comme la ‘base de l'assertion’. En ce qui concerne le sujet postverbal, toutefois, nous montrerons qu’il ne peut jamais être interprété comme la base de l’assertion. Nous soutiendrons qu’une indication de l'interprétation focale du sujet ou la présence d'un élément locatif sont alors nécessaires dans les phrases assertives (dont le contenu est asserté) pour signaler que le sujet postverbal n'est pas la base de l'assertion. En effet, l’interprétation focale du sujet est incompatible avec son interprétation en tant que ‘base de l'assertion’ et un élément spatio-temporel qui précède le verbe peut être interprété comme la base de l'assertion, au lieu du sujet grammatical. Au contraire, dans les phrases non assertives, qui ne contiennent pas d’assertion et où le sujet ne peut donc jamais être interprété comme la base de l’assertion, ces facteurs ne sont pas requis pour que VS puisse apparaître.
Nous montrerons que cette explication est confirmée indépendamment par la distribution de l’inversion nominale dans d’autres types de subordonnées, comme les relatives et les complétives. |
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| responsibles | Carlier |
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