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Du participe passé : valeur en langue et fonctionnements en discours| old_uid | 13263 |
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| title | Du participe passé : valeur en langue et fonctionnements en discours |
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| start_date | 2017/02/20 |
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| schedule | 14h-16h |
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| online | no |
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| summary | Comment se fait-il que, dans les vers de Rimbaud :
Elle est retrouvée. / Quoi ? L’éternité. / C’est la mer allée /avec le soleil. (A. Rimbaud, Une Saison en enfer)
retrouvée soit de sens passif et que allée soit de sens actif ... alors que ces deux participes passés, lorsqu’ils sont conjugués, le sont avec l’auxiliaire être : elle est retrouvée, elle (est) allée ? Comment se fait-il que malgré cette différence de sens, ces deux p.p. s’accordent (en genre et en nombre comme un adjectif) avec le sujet ? Pourquoi conjugué avec avoir, le p.p. ne s’accorde pas avec le sujet (Corinne a bien dormi), mais avec l’objet si celui-ci est antéposé (Corinne que j’ai tant aimée) ? Pourquoi le p.p. peut-il se conjuguer, selon le cas, avec l’auxiliaire avoir et/ou être ? Pourquoi le p.p. des verbes intransitifs peut-il s’employer nu pour certains (arrivée le matin, Corinne repartit le soir même), et pas pour d’autres (*bien dormie, Corinne se leva guillerette), mais pour ce faire doit être obligatoirement précédé de l’auxiliaire avoir au p. présent (ayant bien dormi, Corinne se leva guillerette) ?
Autant de questions qui renvoient à des faits rebattus, qui, pour certains, font l’objet du difficile apprentissage orthographique scolaire, et peuvent paraître des servitudes d’un autre âge, qu’un bon vent de réforme se devrait de balayer sans état d’âme – du (participe) passé, faisons table rase...–. La grammaire décrit ces faits mais à notre connaissance ne les explique pas, ou pas vraiment. L’objet de cet article est de tenter de les rendre à raison. Pour ce faire, nous prendrons appui sur les propositions de G. Guillaume (1929, 1964), retravaillées dans la perspective anthropologique de la praxématique (Lafont 1967, 1978), qui met en relation la langue avec l’agir, et analyse les éléments linguistiques comme des outils de production du sens, ce qui engage à distinguer le plan de la langue de celui du discours, les éléments de production de sens du (des) sens produit(s).
Notre hypothèse est la suivante : le p.p. relève du mode in posse (Guillaume 1929), comme l’infinitif et le p. présent. Il ne marque ni la personne ni le temps – l’inscription du procès dans une des trois époques passée, présente ou future – mais seulement l’aspect : il donne à voir le procès en détension, à savoir qu’il présente le temps interne du procès comme (activement) accompli. En reformulant cette analyse dans les cadres néo- reichenbachiens de notre approche (Azzopardi et Bres 2016), nous dirons qu’en langue, l’instruction aspectuelle du p.p. demande de faire coïncider le point de référence R avec la borne terminale de l’intervalle Ei- Et de la phase processuelle du procès, soit R=Et.
Cette analyse de l’aspect du p.p. en langue comme R=Et nous semble permettre d’expliquer l’ensemble des emplois en discours du p.p., et de répondre aux questions sus-mentionnées. |
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| responsibles | Détrie, Pélissier |
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