Modélisation du changement linguistique : Compétition et diffusion sur le réseau sémantique

old_uid13546
titleModélisation du changement linguistique : Compétition et diffusion sur le réseau sémantique
start_date2017/03/24
schedule14h30-17h
onlineno
detailsTravail en collaboration avec Benjamin Fagard & Jean-Pierre Nadal
summaryLorsqu’on considère l’évolution de la fréquence d’usage d’un terme de la langue sur des échelles de temps longues, on observe de brusques variations, qui peuvent facilement décupler la fréquence d’usage de ce terme en l’espace d’environ un siècle, entrecoupées de phases plus stables. Ces augmentations soudaines sont quelquefois éclairées par le contexte culturel et historique de la langue à un moment donné, mais elles surviennent le plus souvent d’une manière qui semble arbitraire. Partant d’une étude statistique sur un grand ensemble de mots dits fonctionnels (c’est-à-dire servant à articuler la phrase ou le discours), nous montrons que ces augmentations obéissent majoritairement à un même schéma : une phase de latence d’abord, puis une courbe de croissance « en S », qui suit de manière remarquable une fonction sigmoïde. Pour analyser ce phénomène, nous proposons un modèle de compétition entre l’usage de deux mots, représentés chacun par une population qui tente de dominer un « site sémantique » donné. Ce modèle met en place une dynamique représentant les caractères fondamentaux de la communication linguistique et de la mise en mémoire de ces expériences. Il donne lieu à une marche aléatoire dans l’espace des fréquences d’usage. Nous mettons en évidence un comportement critique lié à la structure particulière du réseau cognitif, et dont la phase de latence est la signature. Le modèle prédit ainsi la cooccurrence des deux phases, celle de latence et celle en « S ». Cette modélisation permet notamment de comprendre la difficulté posée par les explications historiques ou sociologiques des augmentations de fréquence d’usage, qui ne tiennent pas compte du décalage temporel, induit par la phase de latence, entre l’initiation du changement et sa réalisation effective. Le modèle ouvre enfin à des perspectives de recherche intéressantes en ce qu’il fait le lien entre l’évolution observable des fréquences d’usage et la structure sous-jacente de l’organisation sémantique du langage.
responsiblesBerestycki, Nadal