| old_uid | 13749 |
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| title | De la réalité psychologique des morphèmes et modèles de complexité/simplexité morphologique en mazatec (popolocan, otomangue oriental). Analyse et ré-analyse Fonction-Forme |
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| start_date | 2014/04/03 |
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| schedule | 15h30-17h30 |
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| online | no |
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| location_info | 1er étage, salle 2 |
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| summary | Le mazatec, langue popolocane (Otomangue oriental) du sud-est du Mexique (environ 220 000 locuteurs), est souvent considéré, avec d’autres idiomes otomangues comme le chinantec ou le tlapanec et l’amuzgo, comme faisant partie des langues les plus complexes au monde. La richesse des attaques (Pike & Pike, 1947) ou le modèle plus récent qui analyse la complexité syllabique du mazatec en termes de corrélation de qualité de voix modale, craquée et soufflée (Golston & Kehrein, 1998), le système tonal à quatre tons ponctuels et six tons de contour (K. Pike, 1948 ; E. Pike, 1967), le haut degré d’intrication des classes flexionnelles verbales – certaines dites « conflatives », c’est-à-dire faisant jouer la supplétion pour toutes les autres personnes d’accord sujet que 3 et 1 Sg (Jamieson, 1982) – sont autant de propriétés qui expliquent cette réputation de parangon de la complexité structurale, dont le mazatec fait l’objet. Non seulement ces propriétés ont contribué à faire avancer les théories linguistiques (théorie de la syllabe, modélisations des systèmes de classes flexionnelles), mais elles exigent l’alliance de plusieurs modèles ou de plusieurs théories – complexité algorithmique (cf. O’Sullivan, 2004) – afin de gagner en transparence. Nous traiterons ainsi, de manière cumulative, plusieurs modèles descriptifs appliqués au mazatec depuis 1947 – date du premier article qui rendit célèbres les propriétés typologiques de cette langue (Pike & Pike, 1947). Nous utiliserons les modélisations de Jamieson, de Pike, de Bull et de Golston & Kehrein comme autant de boîtes à outils enchâssées, pour parvenir à une modélisation tenant compte d’un point de vue jusqu’ici ignoré : les représentations des locuteurs – la réalité psychologique des phonèmes, des morphèmes et des paradigmes. Le modèle PFM (Paradigm Function Morphology, cf. Stump, 2001 et, plus précisément, pour une application au mazatec, Léonard, 2014 ; Léonard & Kihm, 2010, 2014) nous servira de cadre d’analyse déclaratif pour articuler l’interface entre le modèle du locuteur et le modèle du linguiste.
Que se passe-t-il, en effet, lorsque les locuteurs natifs tentent d’écrire cette langue, plus d’un demi-siècle après l’article de Kenneth & Eunice Pike (1947) ? Comment peuvent-ils réaliser le passage à l’écrit ou à l’écriture, avec l’espagnol comme langue-toit, tout en n’étant pas linguistes ? Avec quel succès ? Ou bien ces tentatives sont-elles vouées à l’échec ? Comment obtenir ces observables d’un type non trivial : des paradigmes écrits, produits par les locuteurs natifs ? Que nous apprennent les tâtonnements des locuteurs, sur le plan empirique, dans la praxis de l’écriture et de l’analyse grammaticale de leur langue ? Notre terrain d’observation sera celui des écoles et de l’éducation bilingue dans la région mazatèque, et la praxis de la formation des maîtres bilingues, dans le cadre d’une enquête dialectologique qui tient compte de la diversité dialectale de la langue (cf. Léonard, 2010) – laquelle est comparable, en intensité, à celle entre langues romanes ou entre langues germaniques ou entre langues baltes. Nous opposerons un modèle de simplexité (cf. Berthoz, 2009) – celui des locuteurs et des nouveaux « scribes » de la langue en domaine éducatif – à un modèle de complexité – celui des linguistes, pour qui le mazatec reste irréductiblement complexe (v. par ex. Baerman, 2014). Nous verrons que l’association des deux termes de cette polarité est heuristique : le mazatec est doté en effet de structures phonologiques qu’on peut considérer de ces deux points de vue, sans entrer pour autant en contradiction. Aucun des deux points de vue pris isolément n’est réellement satisfaisant. L’imbrication des deux est nécessaire. Nous observerons ce dualisme d’implexité ou de transplexité (nous assumons ces néologismes, et les justifierons) à travers les correspondances fonction-forme (Hruschka & al. 2009) dans la systématisation des paradigmes de la flexion verbale à l’occasion de plusieurs ateliers de formation de maîtres mazatecs, dans le cadre de l’aménagement linguistique « de par en bas », par la société civile autochtone (cf. Myer & Benjamin Maldonado, 2010).
Nous verrons que les locuteurs engagés dans le processus de mise à l’écrit du mazatec utilisent avant tout un modèle de simplexité, procédant par neutralisations sérielles – une neutralisation en entraînant une autre. Ces processus de neutralisation manifestent autant de paramètres de simplexité en interaction, tout comme les modules de complexité des linguistes se prêtent à une métamodélisation en hologramme. Nous tenterons de comprendre le caractère heuristique de ce modèle de simplexité à l’aide d’une mise en interaction des modules analytiques des linguistes, qui relèvent tous de la complexité. Nous montrerons en quoi cette approche constitue un apport dans le champ actuellement très débattu de la complexité structurale des langues du monde (Miestamo & al. 2008) et de l’intégration des sciences du langage à la théorie des systèmes complexes ou Théorie de la Complexité (cf. Mufwene, 2013 ; Hruschka & al. 2009 ; Massip- Bonet & Bastardas-Boada, 2013). |
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| responsibles | Duvignau |
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