Constance perceptive, représentations phonologiques et temporalité de la parole : Analyses acoustiques des propriétés des formants, classification statistique et modélisation dynamique

old_uid14015
titleConstance perceptive, représentations phonologiques et temporalité de la parole : Analyses acoustiques des propriétés des formants, classification statistique et modélisation dynamique
start_date2017/06/01
schedule14h-15h30
onlineno
summaryLa présentation portera sur l'impact que peuvent avoir des variations temporelles en production de la parole en lien avec la longueur phonologique ou le débit dans la perspective d'une modélisation de la nature des représentations sonores qui pourraient être à la fois constitutives de la stabilité perceptive et de la représentation cognitive des catégories phonologiques. Les travaux que nous présenterons lors de ce séminaire ont été orientés autour de 2 ensembles de phénomènes ciblant les formants et leurs transitions : les "réactions" des transitions formantiques associées à la place d'articulation des occlusives dans des séquences CV lorsque des contrastes de longueur ou des variations de débit sont comparés d'une part ; le comportement des fréquences centrales des formants et des transitions associées dans des séquences voyelle-voyelle lorsque le débit change d'autre part. Ces données ont pour objet d'évaluer un certain nombre de conceptions concernant les sources de la constance perceptive associée à la place d'articulation des occlusives et à la classification des voyelles. D'une part, les équations de locus sont réputées reflêter une stabilité relationnelle articulatoire et acoustique dans la transition consonne-voyelle, laquelle pourrait être le fondement de la capacité à s'abstraire des influences coarticulatoires "perturbant" la stabilité liée à la place d'articulation (p. ex. Sussman et al., 1996). Nous cherchons à évaluer l'impact potentiel de ces phénomènes temporels sur la relation consonne-voyelle et sur la stabilité des indices acoustiques potentiels (locus formantique, équations de locus, pente formantique). D'autre part, si les travaux princeps de Strange (1983) affirment le rôle central des informations dynamiques dans la classification des voyelles, différentes propositions ont été formulées qui se distinguent fortement concernant le rôle des transitions entre les segments (de conceptions de type Vowel-Inherent Spectral Change -- VISC, p.ex. Morrison, 2013 -- à des visions focalisées uniquement sur la vélocité maximale des transitions entre segments, p. ex. Carré, 2009). L'étude des transitions formantiques associées à la place d'articulation des occlusives nous a conduits à étudier dans un premier temps l'impact de variations de longueur vocalique et de débit sur les propriétés acoustiques des formants des séquences CV et sur les équations de locus associées. Ces travaux ont porté sur des données issues de l'arabe jordanien et du français et ont permis de mettre en évidence les effets statistiques associés à ces variations. De même, l'analyse des transitions entre voyelles a permis d'évaluer et de comparer les propriétés de variation acoustique de différentes mesures formantiques en réponse à des changements de débit. Dans un second temps, nous avons cherché à évaluer l'impact de ces variations acoustiques sur les potentialités de classification statistique dans une perspective multidimensionnelle en appliquant des méthodes de classification statistique (Analyses Discriminantes) sur les mesures réalisées. Les résultats obtenus ne semblent pas permettre, dans l'état actuel des analyses, de privilégier une approche sur une autre ou d'affirmer l'impact négatif de variations temporelles sur la classification. Les perspectives de méthodes alternatives d'évaluation seront envisagées. Parallèlement, les approches fondées sur la théorie des systèmes dynamiques (p. ex. Tuller et al., 1995, Gafos & Benus, 2006) nous ont permis de commencer à modéliser avec des équations relativement simples le comportement de formants lorsque le contexte phonétique / la séquence produite change. Ce travail nous conduit à repenser les relations entre variation et stabilité sous l'angle, non pas d'indices acoustiques à chercher dans le signal, qu'ils soient localisés au niveau des zones supposées stables ou des transitions, mais de paramètres d'équations différentielles sous-jacents aux phénomènes physiques qui pourraient être constitutifs du changement temporel. Il conviendra de mettre en oeuvre des méthodes computationnelles d'identification de systèmes dynamiques pour évaluer ces hypothèses. Si nos travaux n'ont pour l'instant pas donné lieu à des évaluations dans le cadre de designs expérimentaux en perception, ils permettent néanmoins de fournir des pistes pour la modélisation des mécanismes qui fondent la constance perceptive des catégories phonologiques et la nature des représentations qui sont à l'oeuvre chez les locuteurs.
responsiblesHueber