| old_uid | 14242 |
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| title | L'intrusion d’un lexique allogène dans la langue moderne. L’exemple des composés néoclassiques |
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| start_date | 2014/06/26 |
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| schedule | 14h-16h |
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| online | no |
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| summary | Les composés néoclassiques ont fait intrusion dans beaucoup de langues européennes à partir du XVIIème siècle. C'est à cette époque que les sciences, de part leur essor, ont eu un grand besoin onomasiologique : il a fallut nommer de nouvelles disciplines, de nouvelles techniques, etc. et les scientifiques érudits ont fait appel au grec ancien et au latin pour former ces nouveaux mots. Cependant, ces éléments de composition néoclassique, jusque là utilisés dans le vocabulaire technique ou scientifique ont imprégné le langage courant. De psychologie on passe à chaussettologie, de hydrophobie à lesbophobie. Les locuteurs d'aujourd'hui, sans compétence étymologique particulière, sont capables d'interpréter ou même de créer des mots formés grâce à ces éléments de composition empruntés au latin et au grec. Le statut de ces éléments pose donc aujourd'hui question : sont-ils toujours des lexèmes, comme ils l'étaient dans les langues classiques, ou, en perdant leur autonomie, ont-ils perdu ce statut ? Je fais l'hypothèse qu'il n'y a pas une classe homogène d'éléments de composition néoclassique. Si certains, comme pyr- ou anthrop- ont conservé un sens lexical, d'autres, comme -phobe, logie, phile, cide, etc. sont à rapprocher de la classe des affixes. C'est justement à ces éléments finaux donnant lieu à de nombreuses séries de lexèmes que je m'intéresse. Après avoir fait le choix de 15 éléments de composition néoclassique, j'ai constitué, grâce au TLFi, au Grand Robert et à Google, un corpus qui compte à ce jour autour de 6000 lexèmes construits grâce à ces éléments.
Ma thèse s'articule autour de deux grandes problématiques : d'une part celle de la forme et des contraintes formelles qui pèsent sur la formation de ces composés, mais plus largement celle du sens. Comment le sens d'un mot construit grâce à un lexique allogène est-il créé ? Je postule l'existence d'une dynamique lexicale. Le sens d'un mot n'est pas attaché au mot lui-même mais s'inscrit dans un réseau lexical. Quand un locuteur crée un mot, il construit son sens par rapport aux sens des mots qui sont d'ores et déjà dans son lexique mental. Le sens d'un nouveau mot se définit donc par rapport aux mots déjà existants, mais aussi par rapport au contexte d'énonciation de ce mot : un mot n'est jamais formé en isolation, un mot peut potentiellement avoir autant d'interprétations différentes que de contextes d'apparition. Cette observation m'a amenée à envisager l'étude du sens des lexèmes de mon corpus grâce à l'analyse distributionnelle, en m'appuyant d'une part sur le Web mais aussi sur les ressources des Voisins développées à l'ERSS.
Les principales difficultés que je rencontre dans mon travail de thèse et que j'aimerais aborder lors de ce séminaires sont de deux ordres. Tout d'abord, je manque d'outils pour traiter mes données automatiquement. De plus, je cherche une méthode pour caractériser sémantiquement les mots de mon corpus et plus généralement les constructions. De manière intuitive, je peux différencier arachnophobie et homophobie, le premier est une peur et le second une hostilité ; grâce à l'analyse distributionnelle je peux observer que le premier sera davantage employé dans le contexte « souffrir de » quand le deuxième sera davantage utilisé dans le contexte « manifester contre ». Cependant, ces contextes sont-ils suffisants pour postuler le sens de « peur » et celui de « hostilité » ? |
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| responsibles | Duvignau |
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