Organismes, économies animales, constitution de la biologie: Écrire l’histoire du vitalisme

old_uid14742
titleOrganismes, économies animales, constitution de la biologie: Écrire l’histoire du vitalisme
start_date2017/11/21
schedule16h-18h
onlineno
summaryLe problËme du statut du vitalisme dans l'histoire de ce qu'on appelait ‡ l'Èpoque de Canguilhem et Jacques Roger, la ´ pensÈe biologique ª, est connu. Le vitalisme dÈsignerait la doctrine, ou ensemble de doctrines, qui serait aux limites (ou aux marges ?) de la pratique scientifique raisonnable. Selon cette vision commune et encore assez rÈpandue (plus encore dans le contexte anglophone qu'en Allemagne ou en France, o˘ certaines intuitions biophilosophiques font encore partie d'un patrimoine quasi-national, avec des accents kanto-hÈgÈliens, bichato-bernardiens, etc.), le vitalisme consiste ‡ tricher : ‡ faire entrer en jeu des forces vitales mystÈrieuses, au sein d'une Ètude prÈtendument scientifiquement de la nature vivante (en biologie, en embryologie, en mÈdecine, en physiologie, etc.). On doit par exemple ‡ Francis Crick une cÈlËbre formule sur les vitalistes, ´ charlatans ª contemporains (cranks) : ´ ‡ ceux d entre vous qui seraient vitalistes, je fais ce pronostic : ce que tout le monde croyait hier, et que vous croyez aujourd hui, demain seuls les charlatans (cranks) le croiront ª (Crick 1966). J'ai tentÈ plusieurs fois de dissiper ou critiquer cette intuition courante, surtout en essayant d historiser la question (Wolfe & Terada 2008, Wolfe & Normandin, dir. 2013), afin de montrer qu il existe plusieurs formes de vitalisme (Wolfe 2011, 2015a). Au minimum, un vitalisme substantiel , qui pose l existence d une force ou principe vital comme substance (au mÍme titre que le reste des choses existantes au monde) : c est typiquement la position de Stahl ou de Driesch (ibid.). Puis un vitalisme fonctionnel , qui cherche ‡ saisir les propriÈtÈs fonctionnelles de systËmes vivants, sans transmuer ces propriÈtÈs en un fondement ontologique : c est typiquement la position des vitalistes de Montpellier mais aussi de Claude Bernard, y compris telle qu elle est reprise de nos jours par W. Bechtel (Bechtel 2007, 2013). Enfin, j ai t‚chÈ de montrer ailleurs que chez Canguilhem, ‡ la suite de Kurt Goldstein (mais prolongeant une intuition kantienne, que l on retrouvera Ègalement chez le Dennett du intentional stance ), on trouve une sorte de vitalisme cognitif ou constructiviste , au sens o˘ il se fonde sur un acte de construction mentale (Canguilhem 1965 ; Wolfe 2013 & 2015b). Je t‚cherai ici (i) de revenir sur cette historisation du vitalisme, en posant la question (ii) de son rapport ‡ l histoire des sciences et ‡ une pratique scientifique lÈgitime ( `e aelja & Strafler 2014), ‡ la constitution de la biologie comme science (McLaughlin 2002, Gayon 2011) et (iii) du statut du vitalisme aujourd hui, dans un contexte marquÈ par les divers refus du gÈnocentrisme (particuliËrement du type West-Eberhard, Oyama, Griffiths voir les articles dans le n∞ spÈcial de History and Philosophy of the Life Sciences de 2010 sur le concept d organisme, dir. Huneman et Wolfe) mais aussi dans les tendances vitalistes prÈsentes dans l Ènactivisme, que je rangerai dans la catÈgorie substantialiste (tel Evan Thompson, 2007, discutÈ sous la catÈgorie d embodiment dans Wolfe 2014). Car aprËs tout, il ne suffit pas d opposer ‡ l opprobre d un Crick, la suffisance tranquille de l ÈpistÈmologie historique.
responsiblesBognon-Küss