Langage, enaction, variabilité culturelle

old_uid14850
titleLangage, enaction, variabilité culturelle
start_date2014/12/18
schedule17h-19h
onlineno
summaryL’enaction est une théorie de l’unité des processus vivants en tant que dynamiques à la fois biologiques, cognitives et sociales. Le principe est que le sujet vivant, par son action perturbatrice du monde et de lui-même, fait advenir des relations discriminantes entre son « intérieur » et son « extérieur », clivage dont il est à la fois acteur engagé et observateur témoin, inventeur créatif et découvreur curieux, connaisseur averti et anticipateur volontariste et attentif ; et cette action se réalise dans le cadre de coordinations collectives qui caractérisent les espèces en tant que générateurs d’Umwelt et des groupes en tant que producteurs de cultures. Pour la linguistique enactive, le langage humain est une recapture et thématisation de cette dynamique : le langage apparaît comme une modalité particulière de la « perçaction » (Berthoz 1997) qui se serait échappée des automatismes corporels et neurophysiologiques pour former une technique réflexive de conceptualisation ancrée dans une dynamique vocale et articulatoire et une discipline commune de coordination intersubjective autour de cette pratique fédératrice. La parole permet de susciter la production coordonnée d’évènements sémantiques et attentionnels dans le cadre d’interactions entre sujets ou de leur simulation intrasubjective pour la parole intérieure du sujet hors interaction apparente. Une langue peut être définie comme un système de schémas d’actions routiniers, autorégulés par l’usage puis régulés par la normativisation, coordonnables entre eux (morphologie grammaticale, lexique, enchaînements syntaxiques, variations prosodiques), et constituant l’esprit émergent du groupe humain qui les pratique en adhérant à une discipline commune. Ancrer l’émergence du sens dans les coordinations incarnées soulève la question de la variation culturelle à divers niveaux. On articulera deux points de vue a priori contradictoires : -       La pratique d’une langue apprend au sujet à se conformer à des normes de conceptualisation communes qui s’ignorent et, d’une certaine façon, le « conditionnent » ; -       L’exercice de l’interaction oblige le sujet et les groupes à observer les pratiques ambiantes et se positionner par rapport à elles en en formant une « interprétation » qui caractérise leurs contributions et participe des devenirs individuel et collectif. On illustrera ces questions au travers d’exemples divers dans des langues variées, tels que la submorphémie lexicale et grammaticale (cognématique), l’inscription de la sémantique lexicale dans le discours et l’interaction, l’émergence d’une culture de l’interaction et du rapport soi/autrui par l’emploi des temps verbaux et de structures syntaxiques (cas du breton en particulier), et comment sujets et groupes en viennent à réaliser des interprétations des systèmes de pratiques qui empêchent les « systèmes » de jouer un rôle déterministe de type néo-whorfien.
responsiblesDésveaux, Lassègue, de Fornel