Percevoir la forêt ou les arbres : Impact culturel sur le biais perceptuel

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titlePercevoir la forêt ou les arbres : Impact culturel sur le biais perceptuel
start_date2018/01/11
schedule10h-11h30
onlineno
location_infosalle c102a
detailsaxe de recherche Fonctionnement Cognitif Normal et Pathologique
summaryLes chercheurs en psychologie cognitive ont tendance à généraliser leurs conclusions sur le fonctionnement psychologique à l’humanité entière, sur la base d’effets mesurés exclusivement chez des sujets occidentaux, et bien souvent exclusivement  chez des étudiants en psychologie. Cette tendance est particulièrement vraie dans le domaine de la perception. En effet, on imagine souvent que la perception humaine est déterminée avant tout par l’architecture biologique du cerveau héritée de nos ancêtres, et qu’elle est identique à travers lieux et cultures. Un exemple de mécanisme présumé universel est le biais perceptuel (Navon, 1977). On a longtemps pensé qu’à l’âge adulte, tous les êtres humains présentent un biais perceptuel global : ils perçoivent la forêt (la forme globale) avant de percevoir les arbres (les éléments locaux qui composent la forme globale ; Navon, 1977). Pourtant, des résultats récents montrent que toutes les cultures ne présentent pas un biais global, remettant en cause l’universalité de ce modèle : les Himba, une culture traditionnelle et isolée du nord de la Namibie, perçoivent les éléments locaux (l’arbre) avant de percevoir la forme globale (la forêt). Les origines des différences interculturelles entre Himba et occidentaux restent matière à débat, et sont sans équivoque multifactorielles. Nos données récentes collectées dans plusieurs pays (Namibie, Rwanda, France, Royaume-Uni, et Canada), chez des adultes mais aussi des enfants de 5 à 15 ans, montrent un lien étroit entre exposition urbaine et biais perceptuel. Une exposition même brève et occasionnelle aux environnements urbains promeut un biais perceptuel plus global. Ces données confirment la plasticité des processus perceptifs et leur forte sensibilité à nos environnements de vie. Elles suggèrent que l’impact des milieux urbains sur le biais perceptuel est médié par un effet sur la focalisation de l’attention visuelle, et qu’il intervient tôt dans le développement de l’enfant. Le rôle de plusieurs autres facteurs est également discuté. En somme, les travaux présentés ici s’inscrivent dans une perspective culturelle de l’étude de la cognition ; ils cherchent à isoler les différences et les similitudes entre groupes culturels, afin d’examiner l’interaction entre variables expérientielles et contraintes biologiques dans la genèse des processus psychologiques fondamentaux.
responsiblesBaratgin, Stilgenbauer