Convoquer l’expérience de langage. Parole au présent, présence à (dans, par) la parole

old_uid15230
titleConvoquer l’expérience de langage. Parole au présent, présence à (dans, par) la parole
start_date2018/01/15
schedule14h-17h
onlineno
summaryCet exposé part d’un rappel, celui de la figure du « blend expérientiel », comme figure d’expérience langagière remarquable, illustrations et commentaires à l’appui. Rappel également des implications épistémologiques de cette focalisation : elle convoque l’expérience (expérienciation) du destinataire (et pas seulement son interprétation), et son expérienciation langagière au présent, dans l’événementialité de la survenue du blend. Cette centration sur la parole au présent et ses aléas phénoménologiques peut être vue comme analogue, en pragmatique, du tournant chomskyen consistant à passer de l’étude de corpus (clos et limité par définition), à celle des intuitions (de grammaticalité, pour la syntaxe) dans le corpus ouvert de la parole in vivo, à l’aide d’une axiomatique pragmatique centrée sur ce qui fait que je dis ce que je dis et fais ce que je fais. Je discuterai la viabilité de la notion d’accord intérieur au titre d’une telle axiomatique séparant les données, et de divers types d’intuitions fines, travail de la compétence discursive. Le vécu convoqué ici n’est pas une simulation, un simulacre : c’est le vécu de l’expérienceur ‘en tant que tel’ et en tant que personne singulière, déterminée (femme ou homme, jeune ou vieux, etc. – cf. Cuffari & Jensen 2014). Par ailleurs, l’expérienciation langagière se donne fréquemment en situation d’interaction. La notion d’énaction (Varela & al. 1993 ; Raimondi 2014) permet de penser l’imbrication des expériences des personnes en interaction, à différents degrés de prise énactive. La prise énactive est sensible, et sensori-motrice comme celle que convoquent les acrobates dans les pyramides humaines par exemple : de multiples équilibres en équilibre les uns sur les autres. Mais là où la pyramide humaine va viser la stabilité (l’ultra-stabilité de stabilités) l’équilibre du dialogue se joue par phases d’instabilités successives. Retour ici du ‘bonheur conversationnel’, comme d’un point de fuite dans une représentation en perspective : là où les droites parallèles finissent quand même par se rejoindre. Dans un corpus, la parole est de la parole empaillée. C’est tout à fait utile pour étudier certaines de ses propriétés. Mais ne faire que ça, c’est passer à côté de l’essentiel. Ce qu’il faut prendre pour objet d’étude est la parole comme elle se donne quand elle a lieu : de la parole vive, signe d’un moment présent et ouverture potentielle à un futur proche. Et accessoirement source définitive de tout corpus qui soit. Références Auchlin A. (1990), « Analyse du discours et bonheur conversationnel », Cahiers de linguistique française 11, 311-328. URL : http://clf.unige.ch/files/3514/4111... Auchlin A. (1999), « Les dimensions de l’analyse pragmatique du discours dans une approche expérientielle et systémique de la compétence discursive », in Verschueren J (ed.) (1999), Pragmatics in 1998 : Selected papers from the 6th International Pragmatics Conference, Anvers, IPrA, 1-22. URL : http://archive-ouverte.unige.ch/uni...
responsiblesDétrie, Pélissier