Sexe, Hormones & Fo - Corrélats acoustiques de l’orientation sexuelle, une étude en français

old_uid15236
titleSexe, Hormones & Fo - Corrélats acoustiques de l’orientation sexuelle, une étude en français
start_date2018/03/26
schedule14h-17h
onlineno
summaryAu delà du message linguistique, la voix – caractère sexuel secondaire sous influence hormonale – véhicule des informations pertinentes à propos du locuteur. Par exemple, les travaux qui se sont penchés sur l’effet des hormones sur la voix (Fo), ont établi une corrélation négative entre taux de testostérone (T) et Fo moyen (Dabbs & Mallinger, 1999). En outre, de nombreuses études montrent que la voix signale également certains traits psychosociobiologiques comme la dominance, la propension à la fidélité, le niveau socio-culturel, l’état de santé, et/ou le nombre de partenaires sexuels ou d’enfants... etc (Hill & Puts, 2018). En biologie évolutive, le rôle de la voix dans le contexte du choix du partenaire a ainsi été particulièrement étudié. Plusieurs études ont en effet montré qu’en période d’ovulation, les femmes préfèrent les voix d’homme attestant un Fo plus bas qu’en période lutéale (Puts, 2005). Parallèlement, Apicella et al., (2007) ont démontré l’existence d’une corrélation positive entre Fo bas et succès reproducteur. Toutefois, bien que l’influence de la voix sur le choix du partenaire sexuel a été étudié de façon approfondie chez les hétérosexuel(le)s, peu de travaux ont été consacrés au comportement vocal des homosexuel(le)s. Et, à l’exception de deux études perceptives (Valentova & Havlí?ek, 2013 ; Sulpizio et al., 2015), les recherches existantes ont toutes été menées sur l’anglais. Il n’existe en effet aucune étude qui se soit intéressée à l’étude de l’influence de l’orientation sexuelle sur la voix en français. Pourtant, la littérature disponible (laquelle concerne le plus souvent les hommes) avance que les personnes homosexuel(le)s présentent des caractéristiques spécifiques tant aux plans physique et kinésique (Freeman et al., 2010 ; Johnson et al., 2007) que vocal (Munson & Babel, 2007). Au niveau vocal, ces études posent toutes que la voix des hommes homosexuels présente des caractéristiques féminines qui permettraient à des auditeurs naïfs d’inférer correctement l’orientation sexuelle des individus (Rule, 2016). C’est le fameux gaydar L’étude de différents paramètres acoustiques a permis d’objectiver les impressions auditives des juges révélant ainsi, toujours pour l’anglais, l’existence d’un stéréotype vocal (Thorp, 2014). L’objet de cette étude est d’intégrer l’orientation sexuelle parmi les facteurs de variation linguistique. Ce travail (conduit dans le cadre du projet PEPS HOMOVOX 2015 conduit en collaboration avec le laboratoire Praxiling) poursuit trois objectifs : (1) tester l’hypothèse de la féminisation vocale des homosexuels (2) mesurer la part de l’influence hormonale sur les caractéristiques vocales en fonction de l’orientation sexuelle (3) aborder la question de l’effet langue en testant la pertinence des indices acoustiques investigués en anglais pour le français. Pour ce faire, 60 volontaires francophones natifs hétérosexuels (hommes, n=30 et femmes, n=30) et 30 hommes se déclarant strictement homosexuels ont participé à l’étude. Les taux de T salivaire ont été mesurés pour l’ensemble des sujets qui ont également été enregistré en parole spontanée. Différentes critères acoustiques classiquement attribués à un sexe en particulier ont ensuite été analysés sous Praat© : Fo moyen (corrélat acoustique de la hauteur vocale) ; Fo s-d (proxy de la modulation vocale) ; jitter (proxy de la raucité ; HNR (proxy du souffle vocal) dans le but de vérifier la pertinence des approches consistant à situer la voix homosexuelle sur le continuum homme femme. Nos analyses révèlent une tendance à la féminisation de la voix des homosexuels sur certains critères seulement (i.e. modulation, souffle et raucité). La validité des indices acoustiques investigués dans les études précédentes semblent donc être, au moins en partie, dépendante de la langue.
responsiblesDétrie, Pélissier