Le problème de l’opacité sémantique dans les verbes préfixés à base verbale : Pour une approche sémantique constructiviste. L’exemple du préfixe DÉ- en français actuel

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titleLe problème de l’opacité sémantique dans les verbes préfixés à base verbale : Pour une approche sémantique constructiviste. L’exemple du préfixe DÉ- en français actuel
start_date2015/03/20
schedule10h30
onlineno
location_infoBât. A
summaryLe problème abordé ici est au carrefour de la morphologie dérivationnelle, de la sémantique synchronique et de la sémantique diachronique. Nous examinerons un ensemble de faits généralement marginalisés dans les études de morphologie synchronique sur les préfixes verbaux, à savoir les cas où la contribution sémantique d’un préfixe dans un verbe apparaît intuitivement opaque. D’un côté, on relève en français actuel des verbes comme dénouer, découdre, désapprendre, où le sens du préfixe semble transparent. Le préfixe signifie ici « annuler le résultat de l’action exprimée par la base verbale » ; découdre signifie « annuler le résultat de l’action de coudre ». D’un autre côté, on relève des verbes comme découper, délaisser, déverser, détourner où la contribution sémantique de l’élément préfixal au sens global du verbe apparaît intuitivement opaque (déverser ne signifie pas « le contraire de verser »). De même, à côté de verbes comme redemander, redire, réorienter dont le sens apparaît intuitivement compositionnel par rapport au préfixe et à la base, on relève des verbes comme recopier (une adresse dans son carnet), retranscrire (ses émotions), retrancher (le beurre de son alimentation), où la contribution de l’élément préfixal au sens global du verbe apparaît beaucoup moins net. En effet, à côté de reprendre du gâteau, qui signifie intuitivement « prendre une deuxième fois du gâteau », recopier l’adresse d’un restaurant dans son carnet ne signifie pas « copier une deuxième fois l’adresse ». Dans notre présentation, nous nous intéresserons en particulier au préfixe DÉ- (nous regroupons sous cette notation les deux allomorphes dé-/dés- du préfixe). En raison de l’opacité sémantique perçue dans des verbes comme découper ou détourner, ces verbes sont généralement écartés des études synchroniques de ce préfixe (cf. Gerhard (2000), Apothéloz (2007). Plus profondément, cette mise à l’écart repose sur une hypothèse diachronique souvent implicite : au départ, le sens d’un verbe comme découper serait transparent par rapport à la présence du préfixe DÉ-, puis au fil du temps, la compositionnalité du sens par rapport au préfixe se serait perdue. Dans un premier temps, nous réinterrogerons les raisons, en particulier diachroniques, de cette mise à l’écart. A l’issue de ce parcours, nous verrons qu’une partie des verbes considérés ne peut pas être écartée d’une analyse synchronique du préfixe DÉ-. En effet, l’opacité du sens du préfixe dans ces verbes est manifeste dès les premiers emplois attestés. Dans un deuxième temps, nous proposerons une analyse sémantique de ces verbes rendant compte de leurs valeurs sémantiques en lien avec le préfixe DÉ- et proposant une explication, en synchronie, de l’opacité même du sens du préfixe dans ces emplois. Cette analyse propose ainsi d’élargir le champ des observables en morphologie dérivationnelle synchronique et de montrer la régularité de fonctionnement de données à première vue idiosyncrasiques.
responsiblesKnittel, Servas