Synergies lors de l’acquisition du lexique et de la syntaxe

old_uid16746
titleSynergies lors de l’acquisition du lexique et de la syntaxe
start_date2018/11/13
schedule10h-12h
onlineno
location_infosalle 305
summaryPour arriver à apprendre le sens d’un nouveau mot, les jeunes enfants peuvent utiliser le sens des autres mots de la phrase, ainsi que le contexte syntaxique. Ce mécanisme d’initialisation syntaxique (« syntactic bootstrapping » ; e.g. Gleitman, 1990) démontre bien que les connaissances dans un domaine (e.g. la syntaxe) sont nécessaires pour acquérir des connaissances dans un autre domaine (e.g. le sens des mots). Ainsi, si on entend une phrase telle que « Oh regarde, elle dase ! », le pronom indique que « dase » réfère à un verbe et possiblement à une action, alors que si on entend une phrase telle que « Oh regarde! Une dase ! », l’article nous indique qu’il s’agit d’un nom et possiblement d’un objet (e.g., de Carvalho, Babineau, Waxman, Trueswell & Christophe, en révision). Selon l’hypothèse de la graine sémantique (e.g. Christophe et al., 2016), ce sont les connaissances précoces du sens de quelques mots (noms et verbes) qui permettent aux enfants d’initialiser la création des catégories syntaxiques, i.e. les bébés doivent apprendre que les noms/objets (par ex. « biberon ») sont souvent précédés par des articles (« un », « des »), alors que les verbes/actions sont souvent précédés par des pronoms (« tu », « elle »). Mes travaux examinent l’apport des mots et contextes connus par l’enfant lors de l’apprentissage de nouveaux mots. Dans un premier temps, nous avons démontré que les bébés de 14 mois peuvent catégoriser de nouveaux noms, alors que la catégorisation de nouveaux verbes représente un défi sauf lorsqu’ils sont accompagnés de verbes connus (Babineau, Shi & Christophe, soumis). Ainsi, dès un très jeune âge, les bébés connaissent déjà bien les contextes où apparaissent les noms et les verbes familiers (voir aussi Babineau & Christophe, en préparation). De plus, les jeunes enfants peuvent rapidement intégrer de nouveaux mots grammaticaux et apprendre le sens qu’ils prédisent (e.g. Babineau, de Carvalho, Trueswell, & Christophe, en préparation ; Barbir, Babineau, Fiévet & Christophe, en préparation). Par exemple, les enfants de 3-4 ans sont capables d’intégrer un nouveau mot de fonction (e.g. ko) en utilisant son contexte syntaxique pour ensuite l’utiliser aisément comme un pronom ou bien comme un article (e.g. inférer le sens probable d’un nouveau mot tel que « ko dase », dase = action). En somme, ces résultats démontrent qu’il existe un lien fort entre l’acquisition du lexique et de la syntaxe, et que les enfants possèdent dès un âge précoce la capacité à généraliser leurs connaissances dans ces deux domaines.
responsiblesBogliotti, Parisse