Étude de l’automatisation des mouvements d’écriture chez les enfants de 6 à 10 ans

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titleÉtude de l’automatisation des mouvements d’écriture chez les enfants de 6 à 10 ans
start_date2020/03/18
schedule14h-16h
onlineno
location_infosalle Ennat Léger
detailsAtelier morphosyntaxe
summaryChez l’adulte, la production écrite est une activité motrice automatisée. L’écriture est fluide et rapide car la production de chaque lettre repose sur l’activation préalable d’une mémoire procédurale connue sous le terme « programme moteur » ou « carte sensori-motrice ». Nous nous sommes attachés à comprendre comment s’élaborent ces programmes moteurs au cours de l’apprentissage de l’écriture. Nous avons étudié comment l'écriture des enfants évoluait d’une programmation trait par trait à une programmation lettre à lettre. Dans toutes nos études nous avons enregistré les mouvements d’écriture des enfants à l’aide d’une tablette digitalisante. Dans la première expérience, 98 enfants de 6 à 9 ans devaient produire des lettres de complexité variable, dépendant de leur nombre de strokes (traits). Les résultats ont indiqué qu’à 6 et 7 ans, la durée du mouvement, la dysfluence et la trajectoire augmentaient avec le nombre de strokes de la lettre. Chaque allographe était produit par l’activation du premier stroke, puis du deuxième stroke et ainsi de suite jusqu’à la réalisation de la lettre complète. Le nombre de strokes des lettres affectait beaucoup moins la production des enfants plus âgés. Les enfants regroupaient la programmation de ces strokes en chunks, qui augmentaient en taille progressivement pour aboutir, à la fin du processus d’automatisation, à une production lettre à lettre. L’analyse a révélé que les premiers automatismes se stabilisaient aux alentours de 8 ans. Toutefois, certaines lettres restaient représentées en chunks même chez les enfants les plus âgés. La nature du stroke à produire semblait affecter également la mise en place des automatismes. Ainsi, une autre expérience a été réalisée pour étudier l’impact de la production des strokes nécessitant des mouvements de rotation, indispensables à la production de traits courbés (e.g., pour la lettre o), et des mouvements de pointage nécessaires pour positionner l’outil scripteur après leur lever (e.g., pour mettre le point sur le i). Nous avons demandé à 108 enfants âgés de 6 à 10 ans d’écrire des séquences de lettres majuscules variant en termes de mouvements de pointage et de rotation. Les résultats ont indiqué que les pointages requerraient un compromis entre les durées des mouvements sur la feuille et en l’air. Les mouvements de rotation impliquaient une réduction de l’écart entre les vitesses maximales et minimales. Le respect d’un tempo de l’écriture semble gouverner ces stratégies compensatoires qui sont spécifiques au type de mouvement. Au niveau développemental, la présence de paliers dans les données cinématiques, laisse à penser que la majeure partie de l’évolution se situe dans la période 6-8 ans, et précède une phase de stabilisation entre 8 et 10 ans caractérisant le début de l’automatisation des mouvements d’écriture. Notre travail met ainsi en évidence que plus l’enfant grandit et pratique l’écriture, plus il/elle est capable de programmer des chunks d’informations plus importantes. Or, cette augmentation en taille de la mémoire procédurale n’est pas seulement quantitative, elle s’accompagne d’une gestion différentielle en fonction du type de stroke à réaliser. Le contenu du programme moteur ne se limiterait donc pas à des informations sur la forme, l’ordre et la direction des strokes mais détiendrait également des informations permettant la mise en place de stratégies cinématiques compensatoires pour des gestes spécifiques comme ceux de rotation et de pointage. Les programmes moteurs s’élaborent pendant le processus d’apprentissage, qui s’étale sur la période 6-7 ans. À partir de 8 ans, ces acquisitions commencent à s’automatiser avec la pratique et l’augmentation des capacités cognitives, attentionnelles et mnésiques. L’automatisation de l’écriture semble être acquise pour la plupart des lettres entre 9 et 10 ans, et devient alors un outil de communication langagière. Les implications de ces résultats sont directement applicables en milieu scolaire. Goodnow, J. J., & Levine, R. a. (1973). “The Grammar of Action”: in Children’s Sequence and Syntax. Cognitive Psychology, 98(4), 82–98. Kandel, S. & Perret, C. (2015a). How do movements to produce letters become automatic during writing acquisition? Investigating the development of motor anticipation. International Journal of Behavioral Development, 32(9), 113-120 Mazeau, M., et Pouhet, A. (2014) Neuropsychologie et troubles des apprentissages chez l’enfant. (2e éd). 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