Comment fait-on preuve en médecine ? Les essais cliniques entre régime de preuves et logique de soins

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titleComment fait-on preuve en médecine ? Les essais cliniques entre régime de preuves et logique de soins
start_date2021/05/04
schedule14h-16h
onlineno
detailsséance 8
summaryDans sa représentation courante, la pratique médicale vise à répondre à une plainte d’un patient en lui proposant une démarche diagnostique débouchant sur une prise en charge thérapeutique « efficace » adaptée. Le but est d’aider le retour à un état de « bonne santé » ou, à défaut, à empêcher une majoration du désordre ayant motivé la plainte. Cette plainte initiale, qui ne se réduit pas qu’à un désordre patho- physiologique, peut même être absente lorsque nous rentrons dans le domaine de la prévention ou de la médecine de confort. Pour remplir sa fonction, le soignant va s’appuyer sur une « science médicale », domaine protéiforme qui tient autant des sciences biologiques que des sciences sociales avec ses théories et ses pré- supposés. Son objet d’étude est, certes, le vivant biologique avec toute sa large variabilité, mais surtout un vivant singulier, capable de ressentir, penser et verbaliser, avec toute la subjectivité des relations humaines au sein d’une société donnée. Qui plus est, et la période actuelle l’illustre bien, la maladie, en tant qu’entité nosologique, est une notion dynamique qui peut apparaître, évoluer, disparaître en fonction des périodes et des contextes. L’approche thérapeutique, parfois tâtonnante et largement dépendante du contexte de soin, aux rationalités mouvantes, peut être source d’espoirs et de déceptions. Pour le soignant, elle s’inscrit dans un contexte de prises de décisions successives sur des horizons variables portant tant sur le diagnostic probable, que sur les choix thérapeutiques voire, dans certaines situations, sur les objectifs à atteindre. La définition de l’efficacité thérapeutique s’est progressivement affinée au cours des siècles en se focalisant sur des critères quantitatifs bien identifiés permettant de l’inscrire dans une logique de preuve expérimentale (efficacy), dont un des paradigmes est bien la médecine factuelle (Evidence Based Medicine). Il peut être intéressant de s’interroger sur l’évolution et la perception de cette médecine reposant sur les preuves par rapport à son dessein originel, où la question de l’efficacité en situation réelle non expérimentale (effectiveness) était clairement posée. A travers la mise en place d’un cadre réglementaire, l’imposition d’un regard social sur les pratiques de recherche thérapeutique a profondément changé, dans un sens positif, le paysage, même si des efforts pour plus de transparence restent encore à faire. Il reste, et ce n’est pas le moindre des enjeux, à maintenir si ce n’est rétablir, la confiance entre soignants, soigné et son entourage, « placebo » nécessaire à toute forme d’efficacité.
responsiblesVial, Gargani, Langevin