Habiter son corps. Prolégomènes à une anthropologie du rapport sensible à soi

titleHabiter son corps. Prolégomènes à une anthropologie du rapport sensible à soi
start_date2024/11/07
schedule15h30-18h30
onlineno
location_info4e étage
summaryDe prime abord, on pourrait penser que le rapport à soi, par contraste avec ce qui nous relie au monde et aux autres, jouirait d’un accès direct ou d’une connexion transparente, sans autre médiation que notre aptitude à l’introspection. Une telle vision du rapport à soi est non seulement naïve, mais totalement équivoque. Premièrement, l’accès à notre propre expérience n’est ni automatique ni transparent, contrairement à ce que nous pourrions penser a priori (Petitmengin 2011). Le rapport à soi exige en effet la culture d’une sensibilité particulière. Seconde objection : le rapport à soi est un fait culturel à part entière, et en tant que tel, il connaît les mêmes détours et complexités que ce qui nous relie au monde extérieur. A y regarder de plus près, il apparait de manière évidente, comme je chercherai à le montrer, que le rapport à soi s’avère tout aussi complexe et plurivoque que les relations que nous sommes à même d’entretenir avec d’autres que soi. S’il en partage la complexité - voire une certaine opacité - c’est parce qu’il en est partie intégrante : le monde n’a de cesse de s’immiscer en nous, de nous habiter, littéralement, que ce soit sous la forme de pensées, d’imaginaires, mais aussi, ce qui nous intéressera plus directement, de sensations, d’affects, d’émotions ou de sentiments. Inversement, ce qui peut sembler moins évident de prime abord, le rapport au monde est indissociable du rapport à soi, qui en constitue la toile de fond sensible, la texture première : percevoir le monde c’est inéluctablement se percevoir en train de percevoir le monde, même si, la plupart du temps, le « sentiment de soi » (Vigarello 2016) échappe en grande partie à notre conscience. Je tâcherai ainsi d’esquisser les pourtours et entours d’une anthropologie du rapport (sensible) à soi.
responsiblesDelais-Roussarie, Tomatis, Tardan Masquelier