Actualité du romantisme lisztien ?

titleActualité du romantisme lisztien ?
start_date2022/12/03
schedule10h-13h
onlineno
location_infosalle Shannon
summaryLa réception sociale et historique de Liszt est assez différente de celle de ses contemporains Chopin, Schumann ou Mendelssohn. Si le virtuose a fait presque d’emblée l’unanimité, en tout cas a rencontré dès 1830 un franc succès, le compositeur a eu plus de mal à s’imposer et d’une certaine manière pâtit encore d’un manque de crédit comparé à Wagner ou à Chopin et Schumann par exemple. Longtemps, le génie lisztien a été mesuré à l’aune de sa conformité aux canons du romantisme allemand. Liszt ne serait vraiment génial que lorsqu’il ressemble à Beethoven ou à Wagner et devient de moins en moins intéressant et fréquentable au fur et à mesure qu’il s’éloigne des standards de l’art sérieux à l’allemande. Liszt lui-même sera complice de cette réception fracturée en dénigrant constamment la virtuosité et ses œuvres virtuoses comme ses fantaisies sur des thèmes d’opéras au profit de ses œuvres plus sérieuses comme la Sonate ou ses poèmes symphoniques, œuvres qui d’ailleurs ne se sont pas imposées si facilement que cela. Assez curieusement, c’est après la 2e guerre mondiale qu’on assistera progressivement à un renouveau lisztien dû d’abord à des interprètes comme Cziffra, mais qui souffrira des mêmes procès en virtuosité et en mauvais goût que ceux qui furent faits à Liszt puis, pour le compositeur sérieux, catégorie qu’il faudra questionner, Aldo Ciccolini ou France Clidat ou encore Georges Bolet, cela jusqu’à en arriver à la figure de Liszt telle que nous la connaissons aujourd’hui. Le renouveau lisztien sur le plan de la musicologie suit à peu près les mêmes étapes que celui des interprètes avec une génération de pionniers nés dans les années 1920-1930, Serge Gut par exemple ou encore Rémy Stricker, puis ensuite une génération intermédiaire, née aux alentours de 1960, et enfin une jeune génération. L’abondance, chez Liszt, des œuvres de seconde main, transcriptions, paraphrases, fantaisies, arrangements divers et variés, plus de la moitié de son catalogue, déconcerte. Son catholicisme assumé, à une époque où, dans les milieux éclairés, être catholique, apostolique et romain était une forme d’infériorité mentale, n’a pas fini de nous étonner et de nous questionner. Son nomadisme, surtout ses dix-sept dernières années partagées entre Weimar, Rome et Budapest, s’il rappelle celui du Wanderer romantique n’est peut-être pas sans suggérer, de par sa nature même, des résonances plus contemporaines. Autant de bizarreries sur lesquelles il va bien falloir se pencher… Que nous dit, en définitive, de notre monde d’aujourd’hui, ce renouveau lisztien qui est d’ailleurs à peu près contemporain chronologiquement du renouveau de la musique baroque, même si les deux sont difficilement comparables et superposables au moins en apparence ? Enfin, peut-on analyser sa musique avec les outils habituels, avec les conceptions normées qui sont celles de la scientificité du discours musicologique académique habituel ?
responsiblesAlunni, Nicolas, Andreatta