Perspectives linguistiques sur un jeu entre enfant humain et chien

titlePerspectives linguistiques sur un jeu entre enfant humain et chien
start_date2023/04/20
schedule14h
onlineno
location_infosalle de documentation
summaryLa langue humaine contribue à la réalité multimodale des interactions quotidiennes entre Hommes et les autres animaux, aux côtés des ressources corporelles et vocales propres à chacune des espèces concernées (voir p. ex. Mondémé 2018, Harjunpää 2022). Dans cette présentation, nous nous intéresserons à la manière dont les locuteurs humains utilisent la langue, sur un plan acoustique et sémantique, en communiquant avec les compagnons non humains. Distinguent-ils par des moyens phonétiques la parole adressée à l’animal de celle utilisée entre humains ? Modifient-ils la complexité sémantique de leurs productions verbales, en vue des différences entre les systèmes de communication humain et non humain ? Comment les modes de communication impliquant différents niveaux sémiotiques interagissent-ils ? Nous nous concentrerons sur le contexte spécifique de jeu. Sur un plan physique, le jeu implique des différences dans la distance entre participants qui peuvent avoir des conséquences sur l’utilisation de la voix. En tant qu’activité partagée, le jeu fait appel aux différents degrés de détachement de la réalité physique. En effet, le jeu dévie, d’une manière identifiable à l’ensemble de joueurs, de ce qui serait attendu en dehors de la situation de jeu. Les joueurs s’engagent dans des processus métacommunicatifs où un acte appartenant à la réalité (p. ex. chasser) est évoqué mais ses conséquences (p. ex. la douleur ressentie par la proie qui se fait attrapée) sont annulées (Bateson 2000, Kohn 2013). Cet acte devient une forme qui reçoit un nouveau sens au sein du jeu (Despret 2021). Ce sens s’active dans l’interaction sociale où le joueur qui utilise la forme doit pouvoir anticiper la façon dont le compagnon de jeu l’interprète et compter sur le fait que celui-ci saisi le sens spécifique (voir Bohn et al. 2020). Plus précisément, nous observerons les manières dont les joueurs humains et non humains se communiquent dans les situations où ils ne peuvent pas voir ou atteindre un objet ou un participant impliqué dans le jeu. Il s’agit donc des formes d’absence au sein des activités où on cache p. ex. une balle ou qu’on se cache. Le traitement verbal de l’absence, notamment pour référer à l’entité absente, nécessite un certain degré de déplacement sémantique, qui est considérée comme typique de la langue humaine (Hockett 1960). Nous analyserons comment les locuteurs humains manifestent cette asymétrie sémiotique quand ils s’adressent au joueur non humain, et les façons dont les autres niveaux sémiotiques sont activés par les joueurs à ces moments. L’analyse met en évidence la capacité des structures linguistiques de « cibler » (target) des entités qui relèvent de différents degrés conceptuels (Talmy 2017). L’analyse présentée se base sur un corpus d’interactions filmées impliquant des enfants francophones âgées de 6 à 12 ans et des chiens et des chats domestiques (voir Grandgeorge et al. 2020). Trois dyades enfant-chien ont été sélectionnés pour l’étude portant sur le jeu interspécifique (env. 3h d’enregistrement). Cette étude pilote fait partie de la mise en place d’un projet interdisciplinaire, qui réunit des chercheurs en linguistique et en éthologie.
responsiblesAlbu, Larrivée