L’organisation du système sémantique et sa désorganisation dans le syndrome de démence sémantique

titleL’organisation du système sémantique et sa désorganisation dans le syndrome de démence sémantique
start_date2024/01/16
schedule11h-13h
onlineno
location_infoSalle de séminaire 1, Bât. Weber
summaryLa démence sémantique (DS) est une affection neurodégénérative rare, faisant partie des dégénérescences lobaires fronto-temporales. Cette entité syndromique a été isolée, et caractérisée cliniquement depuis plus d’une trentaine d’années. Elle est définie comme relevant d’une atteinte progressive et isolée de la mémoire sémantique. Dès les premières descriptions, l’atteinte des connaissances sémantiques est présentée comme étant globale et profonde. Dans une conception unitaire et amodale d’un système sémantique, l’altération des connaissances sémantiques est considérée comme affectant toutes les modalités de réception et d’expression, pour toute sorte de concepts ainsi que pour tout type de relations entre les concepts. La DS a ainsi très vite constitué une opportunité clinique sans précédent pour élaborer et tester des modèles d’architecture cognitive, visant à articuler la mémoire sémantique à d’autres fonctions/processus mentaux. Néanmoins, un nombre croissant d’arguments provenant d’observations cliniques de patients, de paradigmes expérimentaux variés ainsi que des données de neuroimagerie remettent en question cette conception d’un système unique et amodal, et plaident plutôt en faveur d’un système sémantique distribué, sous plusieurs hubs, en raison d’atteintes sémantiques hétérogènes. Notre équipe (*) a pu mener plusieurs travaux auprès de patients atteints de DS dont les résultats sont en accord avec cette conception d’un système sémantique distribué en hubs-multiples. Nos travaux se sont notamment intéressés aux deux types distincts de relations entre les concepts, que sont les relations taxonomiques et thématiques. Les relations taxonomiques organisent les connaissances sur la base de leur similarité et relient des objets qui partagent des caractéristiques intrinsèques avec un poids plus important pour les propriétés visuoperceptives (chat-tigre). Les relations thématiques relient les concepts sur la base de leur complémentarité au sein d’un événement et les objets appartenant à un même contexte spatial et/ou temporel (chat-pelote de laine). Nous avons démontré que les relations thématiques présentaient un statut particulier dans le syndrome de DS dans la mesure où elles étaient mieux préservées que les connaissances taxonomiques, et apparaissaient plus robustes à la maladie lors du suivi. Par ailleurs, nous avons montré que les patients pouvaient avoir un recours implicite exagéré à ce type de relations, avec une surutilisation des relations thématiques, parallèlement à l'atteinte des connaissances taxonomiques, et comparativement à des participants contrôles. Ceci nous a conduit à émettre l’hypothèse d’un déséquilibre dans cette affection entre les deux traitements sémantiques taxonomiques et thématiques, normalement maintenus en équilibre chez le sujet sain. Notre intérêt s’est aussi porté sur ces atteintes différentielles entre les relations taxonomiques et thématiques, pouvant constituer des marqueurs cognitifs potentiels de pathologies du vieillissement.
responsiblesHeidlmayr