Réflexions méthodologiques et description empirique d’une une pratique militante de réflexivité langagière

titleRéflexions méthodologiques et description empirique d’une une pratique militante de réflexivité langagière
start_date2024/01/08
schedule13h
onlineno
location_infoSalle D4.179 & Zoom
summaryDes travaux récents sur les communautés militantes ont mis en avant l’importance de la réflexivité langagière (entendue ici dans son sens le plus large, c’est-à-dire une réflexivité portant sur des unités de langue en usage mais aussi sur l’interaction et sur le discours) dans la régulation des échanges et des usages langagiers (Abbou 2017, Him Aquilli 2018). Dans la perspective de l’analyse du discours, cette réflexivité langagière n’est pas restreinte à une réflexion sur le système linguistique « en lui- même », mais est intégrée aux valeurs et normes du groupe ainsi qu’à ses actions à différents niveaux : du répertoire d’actions militantes aux activités interactionnelles, jusqu’aux actes de langage. Je fais donc l’hypothèse que les normes interactionnelles militantes sont multi-dimensionnelles (i.e. se manifestent à différents niveaux linguistiques et discursifs) et multi-modales (i.e. se manifestent dans les gestes, placements, au niveau sémiotique …). L’ancrage théorique est celui de l’analyse du discours de tradition française (Maldidier 1990) mais suit les évolutions récentes cherchant à redonner au discours sa dimension anthropologique (Paveau 2012, Oger et Ollivier-Yanniv 2003), ce qui incite à adopter une perspective intégrée (Greco 2015). Cette présentation s’appuiera sur des données récoltées lors d’une enquête ethnographique auprès d’un collectif de militants sans-papiers. Je porterai mon attention sur une coulisse, la réunion hebdomadaire du collectif, qui réunit des militants sans-papiers et des militants "soutiens". Après avoir décrit un certain nombre de règles interactionnelles que les locuteurs rendent explicites, je montrerai la manière dont les locuteurs réalisent deux d’entre elles, les deux normes complémentaires, « Ne pas parler à la place des premiers concernés » et « Parler pour soi-même », aux niveaux énonciatif, pragmatique et interactionnel (traces de didacticité, actes de langages tels que l’incitation à faire, l’encouragement ou encore phénomènes qui peuvent être interprétés comme des tentatives de limiter la prise de risque que représente une prise de parole, etc.). Cette manière d’envisager ce qui est en jeu dans les réunions ouvre vers un travail interprétatif plus fin, notamment la prise en compte d’une paire catégorielle non thématisée par les acteurs, celle d’expert-novice, dont l’importance a été soulignée dans des travaux sur d’autres groupes militants (Dunezat 2008).
responsiblesBaldauf-Quilliatre