Interaction et cognition (2006)

shared_uid203
titleInteraction et cognition
subtitleSéminaire interdisciplinaire de sciences et technologies cognitives
typeSéminaire
year2006
start_date2007/01/22
stop_date2007/01/26
schedule09h30-17h
activeno
websitehttp://www.utc.fr/phiteco/
practical_infoFrais de participation. Une inscription à une ou plusieurs journées est possible. Inscriptions : Stéphanie Rouault : stephanie.rouault@utc.fr - Renseignements : François Sebbah, francois.sebbah@utc.fr ou Charles Lenay, charles.lenay@utc.fr
organisational_infoorganisé par l’EA 2223 COSTECH - Connaissance, organisation et systèmes techniques, université de technologie de Compiègne dans le cadre du mineur PHITECO
summaryAu regard des tendances techniques qui traversent notre époque, il est clair que les modes de rencontre des êtres humains entre eux et avec leurs environnements ou avec les masses d'information sur les réseaux, se transforment profondément et rapidement. En même temps ce sont nos façons de penser, de travailler, de jouer, ou d'être ensemble qui se modifient. Mais comment les outils que nous fabriquons peuvent-ils affecter si profondément nos façons de percevoir, de mémoriser, de raisonner, de définir des valeurs, des appartenances, des désirs et des identités ? Il y a là un défi pour les sciences humaines et sociales - les sciences cognitives, la sociologie, l'économie, etc. – et la philosophie. Ne semble-t-il pas, par exemple, que les conceptions développées dans le champ de l'ergonomie cognitive ou des Interfaces Homme-Machine, ont des difficultés à rendre compte de la radicalité des modifications de l'expérience humaine par la technique ? En effet, si on suppose que l'être humain est un utilisateur disposant d’abord et fondamentalement d'un système représentationnel de connaissances qui est, ensuite seulement, mis en rapport avec des produits techniques, on ne comprend pas qu'il puisse être si radicalement affecté dans sa façon même d'être au monde par cette mise en rapport. Ne faut-il pas plutôt penser que le vécu humain se constitue au coeur même du couplage entre l'être vivant et son environnement, couplage (re)modelé – et peut-être plus encore – par les supports techniques des actions et sensations ? C’est du moins ce que suggèrent certaines approches alternatives de l'activité cognitive et de la dynamique des organisations qui relèvent de l’action située ou de la cognition distribuée. Si l’on adopte ce point de vue, alors la question de l'interaction passe au premier plan. Il ne s’agit pas simplement de mettre en rapport des entités déjà constituées indépendamment l’une de l’autre mais de comprendre comment cette mise en rapport même, en un sens précède et constitue intimement les termes qu’elle relie (le vivant et son environnement, l’homme et son outil, ou sa machine, la communauté et son système de relations). Les interfaces sont-elles des dispositifs de dialogue avec des machines posées devant nous ou bien plutôt des outils devenus transparents mais qui, à travers les systèmes techniques, reconfigurent en fait de manière décisive les espaces d'existence et de vie commune ? Si l’on retient la seconde hypothèse, alors : 1. Le Design et le Marketing ne peuvent plus se donner pour seul objectif la conception d'objets attirants pour un consommateur dont les besoins et désirs auraient été définis au préalable et indépendamment de l’interaction même. 2. La Sociologie doit dépasser le plan des représentations pour se donner comme tâche prioritaire de comprendre comment les supports techniques d'interaction permettent l'émergence de nouvelles communautés, la cristallisation de nouvelles exclusions comme la possibilité de rencontres inédites. 3. L’Economie, la (Science) Politique ou l’Ethique doivent prendre la mesure de la façon dont les choix technologiques sur les supports d’interaction affectent les systèmes de valeur 4. La Philosophie doit prendre acte du brouillage entre des catégories aux frontières jusqu’ici assurées (le corps et son environnement, le corps et ses prothèses ; le Moi et Autrui ) ; elle doit demander dans quelle mesure l’action peut être considérée comme le simple effet d’un calcul sur des représentations ou bien au contraire jusqu’à quel point toute connaissance n’est pas avant tout action, interaction ; ou bien encore elle doit étudier le passage d’ontologies substantialistes à des ontologies relationnelles. Tels sont quelques bouleversements induits par une pensée de l’interaction qui la prend vraiment au sérieux. Mais la liste n’est bien sûr pas close, et l’on voudrait interroger pendant ce séminaire une diversité de disciplines pour comprendre leur façon de répondre à ce défi : mécanismes de la plasticité cérébrale en neuroscience, métaphores d'interaction dans les systèmes de réalité virtuelle, théorie des organisations, logique, pédagogie, management, rares sont les domaines qui ne sont pas concernés par la prise en compte de l’interaction comme initiatrice des stabilités et des identités.
responsiblesLenay, Sebbah