Journée ConSciLa : Sémantique de l'oral spontané : rencontre entre sémanticiens et spécialistes du français parlé (2008)

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titleJournée ConSciLa : Sémantique de l'oral spontané : rencontre entre sémanticiens et spécialistes du français parlé
typeJournée
year2008
start_date2009/02/06
stop_date2009/02/06
schedule09h-17h30
activeno
websitehttp://www.risc.cnrs.fr/pdf/2009_02_6_conscila.pdf
summaryAlors que la syntaxe du français parlé fait depuis de nombreuses années l'objet de descriptions avancées, la question d'une "sémantique de l'oral" reste peu explorée : si d'un côté l'abstraction des conditions effectives de réalisation de la parole est en effet constitutive pour la sémantique lexicale, la sémantique textuelle a de son côté notoirement privilégié l'élaboration de ses modèles à partir de textes écrits. De fait, c'est bien dans les travaux des spécialistes du français parlé que l'on observe des intérêts variés pour les questions d'ordre sémantique en relation avec l’oral : outre les descriptions que les intonologues ont de longue date consacré aux valeurs sémantiques des contours prosodiques, on peut également mentionner la Grammaire de l'intonation (1998) de Laurent Danon-Boileau et Mary-Annick Morel qui, dans une problématique énonciative, a de fait intégré à son modèle une composante sémantique (cf. p. ex. la conception onomasiologique des constituants du "préambule") ou encore les analyses des reformulations et hésitations caractéristiques de l'oral spontané de Claire Blanche-Benveniste, qui souligne les aspects dynamiques de la composition sémantique de l'oral (2005). Diversement abordées en intonologie, dans les études énonciatives ou en syntaxe, ces questions sont ainsi restées pour l'essentiel étrangères aux préoccupations des sémanticiens. Or une sémantique prenant pour objet les modalités d’assignation du sens aux suites linguistiques peut éclairer le fonctionnement de l’oral spontané, et s’enrichir de sa description. Parmi les points de rencontre entre sémantique et oral, on peut évoquer, notamment, les points suivants :   • Sémantisation du prosodique / prosodisation du contenu : si la prosodie module le flux expressif et établit des rapports figure / fond entre les composants de l’énoncé et les domaines ou entités auxquelles elles renvoient (par exemple le fonctionnement des contours prosodiques de thématisation comme détachant une partie de l’énoncé en lui donnant une saillance de figure (Lacheret, François, 2004), certains sémanticiens ont développé complémentairement une conception prosodique du sens (cf. par exemple le concept de prosodie sémantique (Louw, 1993), ou appréhender le plan du contenu dans des modèles continuistes de type reconnaissance de formes (hypothèse de la perception sémantique, Rastier 1991). Les approches gestaltistes en sémantique (Cadiot, Visetti, 2001) permettent notamment de traiter sur un mode continu (l’isotopie par exemple) les phénomènes segmentaux : ainsi, en considérant la variété d’empan syntagmatique au long duquel les formes sémantiques peuvent être lexicalisées, du plus compact au plus décumulé, devient-il possible de reprendre la question des relations entre phases amalgamées et décondensées du discours à tous les paliers de l’analyse.   •  Énonciation et reformulation : le locuteur est son premier interprète, et la profération linguistique n’est pas la simple actualisation d’un à-dire conceptuel selon une planification linéaire, mais également une détermination régressive de ce à-dire par approximations et reprises successives, c’est-à-dire par négation du déjà-dit. Reformulations, modifications, hésitations, etc. sont ainsi pour la sémantique un observatoire sur les cours d’action que constituent l’énonciation et l’interprétation, et un accès privilégié à la pensée qui s’élabore et se précise dans le temps même de sa formulation.   • Production spontanée et phases de l’oral : Il importe également de décrire les régularités sémantiques corrélées aux types d’interaction et de contexte dans lesquelles les données orales sont recueillies (discussions à baton rompu, phases cursives plus longues (récit, témoignage), etc.) dans la perspective d’une poétique des genres de l’oral, et au-delà des caractéristiques des textualités de l’oral.     En confrontant spécialistes de l'oral - auxquels on a demandé de centrer leur intervention sur des questions de sémantique - et sémanticiens - auxquels on a demandé de travailler sur des données orales -, cette journée d'étude se propose de faire un point sur cette problématique, et susciter des rencontres entre chercheurs appartenant à des champs qui se croisent peu.
responsiblesMissire