| shared_uid | 1915 |
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| title | Les émotions dans la psychologie de la forme |
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| type | Journée |
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| year | 2014 |
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| start_date | 2015/01/24 |
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| stop_date | 2015/01/24 |
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| schedule | 09h30-17h30 |
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| active | no |
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| website | http://www.umr8547.ens.fr/IMG/file/AHP-SEM-COLL-2014-2015/affiche%20workshop%20emotions%20&%20gestalt.pdf |
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| organisational_info | Dans le cadre de l’ANR EMCO-EMphiline |
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| summary | Bien que cela ait encore été trop peu remarqué, le traitement des émotions joue dans la psychologie de la forme de Berlin un rôle stratégique tout à fait central : en effet, Köhler et Koffka voient en elles le lieu par excellence où se réalise leur hypothèse de l’isomorphisme psychophysiologique. En effet, les émotions sont conçues comme des « qualités de forme » dynamiques manifestant phénoménalement les relations causales, dans le cerveau, entre les corrélats physiologiques de l’environnement et du corps propre perçus. Dès lors, elles sont le phénomène où l’hypothèse même d’une « organisation manifeste », qui rend possible la thèse de l’isomorphisme psychophysique, peut être étudiée directement.
Au-delà de l’hypothèse consistant à trouver ainsi dans les émotions un corrélat phénoménal aux structures causales du cerveau, cette approche des émotions a pour spécificité de les traiter comme des relations, quoique d’un caractère spécial, puisque phénoménalement manifestes et dotées à cet égard d’un caractère « dynamique », en lequel est censé se manifester précisément la causalité sous-jacente. Or cette approche en elle-même possède de nombreux avantages, qui font qu’elle mérite déjà qu’on s’y attarde. Si les émotions sont en effet des relations (ou structures) causales directement senties entre les figures de l’environnement et celle du corps propre, alors on rend simultanément compte, à la fois des « caractères expressifs » ou « physionomiques » (effrayant, apaisant, fascinant, etc., et même « beau ») avec lesquels apparaissent les objets environnants, et des « tendances à l’action » dont les émotions semblent indissociables pour le sujet qui les éprouve : ces caractères et tendances sont alors des prédicats relationnels, c'est-à-dire deux manières, l’une subjective et l’autre objective, de parler de la même réalité phénoménale, à savoir la relation causale éprouvée elle-même entre le sujet et l’objet.
Par là, ce traitement des émotions possède une fécondité indépendante de l’hypothèse de l’isomorphisme, fécondité dont s’est notamment emparé Kurt Lewin en proposant une phénoménologie de la structuration dynamique et émotionnelle du champ sensible détachée de toute hypothèse naturaliste sous-jacente. Dans ses cours à la Sorbonne, c’est dans les traces de Lewin que Merleau-Ponty s’inscrit explicitement, en rejetant le naturalisme de l’école de Berlin tout en marquant fortement l’intérêt de cette approche structurale des émotions et des phénomènes expressifs, qui le guide dès La structure du comportement.
Mais c’est également le statut fondamental que Koffka accorde à la structuration émotionnelle du monde perçu qui marquera fortement de nombreux philosophes (Cassirer, Scheler, Merleau-Ponty) et psychologues (Werner, Buijtendjik, Tolman, Gibson) : en s’appuyant sur la psychologie de l’enfant naissante, Koffka émet l’hypothèse selon laquelle les émotions ainsi conçues seraient le rapport perceptif primitif des organismes vivants au monde, qui se manifesterait alors précisément comme originairement « expressif », plutôt que comme un ensemble de qualités substantielles qui répondraient davantage à une interrogation attentive d’ordre intellectuel. L’expressivité émotionnelle serait alors comme une couche biologique primitive de l’intentionnalité perceptive, à partir de laquelle on pourrait espérer rendre compte généalogiquement de la perception et de la conscience spécifiquement humaines.
L’une des questions centrales est alors de savoir si l’on peut vraiment faire de la perception expressive un rapport immédiat au monde (à partir duquel on pourrait éventuellement chercher, comme Merleau-Ponty, à dériver jusqu’à notre perception des qualités sensibles), ou s’il ne faut pas, au contraire, nécessairement fonder ce rapport sur une facticité purement qualitative, qui ne prendrait des valeurs émotionnelles que dans l’appréhension de son rapport à nos fins. |
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| responsibles | Niveleau, Depraz |
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