Anthropologie, philosophie et neurobiologie des expériences hallucinogènes (2016)

shared_uid2382
titleAnthropologie, philosophie et neurobiologie des expériences hallucinogènes
typeSéminaire
year2016
start_date2016/10/15
stop_date2017/01/07
schedule13h-17h20
frequencysamedi
activeno
websitehttps://enseignements-2016.ehess.fr/2016/ue/1395/
summaryNous commencerons par présenter les principales théories philosophiques contemporaines de la perception et les différentes manières dont elles entendent résoudre le problème posé par l’argument de l’hallucination. Nous tenterons de montrer que ces théories s’avèrent insatisfaisantes en ce qu’elles oublient un ingrédient essentiel des expériences hallucinatoires : le fait que les hallucinations possèdent un sens de réalité variable (quand on les éprouve, on a l’impression qu’elles sont plus ou moins réelles). Par ailleurs, ces théories classiques restent limitées par le fait qu’elles s’en tiennent le plus souvent à l’étude de cas hallucinatoires qui ne sont que de pures expériences de pensée et négligent les expériences hallucinatoires réellement éprouvées par les gens. Parmi toutes les expériences hallucinatoires que les gens vivent réellement, nous nous focaliserons ici en particulier sur les expériences hallucinogènes (les hallucinations induites par des psychotropes). La distinction entre hallucinogènes sérotoninergiques (e.g., LSD, mescaline, champignons psilocybes, DMT, etc.) et anti-cholinergiques (e.g., Ditran, Datura, Duboisia, mandragore, etc.) jouera un rôle pivot dans nos analyses. Nous montrerons comment la prise en compte des expériences hallucinogènes et du sens de réalité dans l’analyse des hallucinations invite à repenser à nouveaux frais les problèmes et les théories classiques de la philosophie de la perception. Notre exploration du lien entre hallucination et sens de réalité nous conduira à aller bien au-delà de seules considérations philosophiques pour nous aventurer sur le terrain de l’anthropologie ainsi que de la neurobiologie. Cela nous permettra notamment d’étudier les rapports complexes et bidirectionnels entre processus pharmacologiques et processus culturels (expertise, rituels, symboles, etc.). L’exploration de la neurobiologie des expériences hallucinogènes se fera le plus souvent au sein d’un cadre bayésien inspiré par la théorie du codage prédictif et par le principe de l’énergie libre de Friston. Quant à l’exploration des données anthropologiques, elle se focalisera pour l’essentiel sur l’ethnographie amazonienne et notamment sur le chamanisme végétaliste pano.
responsiblesDokic, Fortier