Itérations de connaissance et calcul des métareprésentations

old_uid1739
titleItérations de connaissance et calcul des métareprésentations
start_date2006/11/10
schedule14h30
onlineno
summaryL'exposé sera consacré à la discussion du phénomène des modalités de connaissance itérées, au point de vue individuel (X sait que X sait que p) et au point de vue social (X sait que Y sait que p, etc). Deux points de vue philosophiques s'opposent sur le statut de la connaissance réflexive au plan individuel: le point de vue "cartésien", qui veut que savoir implique ipso facto savoir que l'on sait, et le point de vue "lockéen", d'après lequel savoir que l'on sait est un acte de l'esprit qui requiert plus que la seule connaissance de premier ordre. Le point de vue lockéen a été défendu ces dernières années par T. Williamson en philosophie de l'esprit, dans son attaque contre le principe d'introspection positive de la connaissance. Dans plusieurs travaux récents (Dokic et Egré 2004, Bonnay et Egré 2006), nous avons proposé une critique de la thèse de Williamson, qui implique que toute itération de connaissance au plan individuel est coûteuse au sens où elle introduit une marge d'erreur supplémentaire. La situation est différente dans le cas de la connaissance sociale, où "X sait que Y sait que p" n'implique pas en général que "Y sait que X sait que Y sait que p". Malgré cela, le concept de connaissance commune, couramment utilisé en théorie des jeux et au-delà, repose sur une définition par itérations de la notion de connaissance partagée (chacun sait que p, chacun sait que chacun sait que p, etc) qui présente certaines analogies avec le cas individuel. Dans le cas individuel, il semble raisonnable de soutenir que savoir au degré n que l'on sait suffit pour savoir au degré n+1 que l'on sait. Dans le cas de la connaissance commune, on peut se demander de la même façon si un degré fini de connaissance partagée suffit pour atteindre la connaissance commune. Je présenterai dans cet exposé un modèle de connaissance commune proposé dans un travail récent avec D. Bonnay (Bonnay et Egré 2006), qui vise à rendre compatible la définition infinitaire de la connaissance commune avec la capacité bornée des agents à calculer les métareprésentations enchâssées. Le modèle valide l'idée selon laquelle une forme approximative et néanmoins fiable de connaissance commune est atteignable de façon immédiate et sans effort. On discutera les liens du modèle avec la théorie de la modularité des systèmes cognitifs défendue par D. Kahneman pour expliquer la rationalité limitée, ainsi que les perspectives générales qui s'ensuivent pour la métacognition.
responsiblesPacherie, Dokic, Proust