Simulations computationnelles, référence et iconicité

old_uid8358
titleSimulations computationnelles, référence et iconicité
start_date2010/03/15
schedule15h30-17h
onlineno
summarySi on choisit de les concevoir à partir de leur propriété mathématique d’être des calculs de modèles discrets, les simulations computationnelles passent à bon droit pour ce que Goodman appelait des notations. Si on les conçoit en revanche à partir de leur propriété de référer diversement aux systèmes cibles, puis de donner lieu à des intrications pas à pas de sous-modèles aux statuts épistémiques distincts, force est de constater que le statut épistémique du résultat de telles simulations rejoint les canons de ce que l’on a coutume de ranger dans la catégorie des représentations de type iconique. Ce qui est saisissant dans cette évolution - à première vue paradoxale - du recours à l’ordinateur dans les sciences est que ce qui est vrai de la biologie computationnelle l’est aussi, quoiqu’à un autre niveau, dans les sciences sociales computationnelles : même si dans ce contexte, et à la différence de la biologie computationnelle, on tâche de faire construire à l’ordinateur des simulations à l’iconicité non strictement picturale (imagic), on peut encore considérer que les simulations computationnelles en sciences sociales tendent de plus en plus à produire des représentations iconiques. Elles sont iconiques au sens où Goodman considérait qu’une image se distingue d’un système notationnel non pas en ce qu’elle ressemble à ce qu’elle représente mais en ce qu’elle tend à se présenter comme syntaxiquement et sémantiquement dense : aucune marque qui la constitue ne peut être isolée comme correspondant à un caractère unique et distinctif. Dans les sciences sociales computationnelles, tout comme en biologie computationnelle, en effet, la discrétisation puis la computation permettent avant tout d’agréger des hypothèses, des modèles (validés ou non), des mécanismes, des mesures et des données aux statuts épistémiques très divers : les voies de la référence y sont donc, là aussi, complexes et intriquées. Même si des systèmes notationnels président certes aux opérations computationnelles donnant lieu à ces intrications, le résultat n’est pas conçu pour être appréhendable à partir d’un seul système notationnel aux voies de la référence univoques. On comprend mieux dès lors que, dans les deux contextes (biologie, sciences sociales), le statut épistémique d’une simulation complexe devienne aujourd’hui problématique et qu’il soit souvent l’objet de vifs débats chez les scientifiques eux-mêmes. Dans cet exposé, je suggérerai qu’une épistémologie discriminante et appliquée au cas par cas aux simulations computationnelles peut se fonder sur cette notion élargie d’iconicité et sur ses prolongements. Un des objectifs de ce travail est de proposer des concepts discriminants permettant de contribuer à la construction collective et à l’évaluation de simulations sociales complexes et pluridisciplinaires.
responsiblesVarenne, Kupiec