La langue nationale du Brésil

old_uid15426
titleLa langue nationale du Brésil
start_date2015/03/31
schedule16h-17h
onlineno
summaryLa question de la construction du portugais comme langue nationale du Brésil est traitée en reprenant des études développées selon la perspective de la sémiotique discursive et qui portent sur les discours de la grammaire du portugais du XVIe siècle à nos jours. Deux parties composent alors cet exposé. La première se fonde principalement sur les travaux de Sylvain Auroux à propos de la grammatisation des langues et traite du rôle de la grammaire dans la construction des langues nationales. Selon Sylvain Auroux, ce rôle consiste à unifier les variations propres des pratiques langagières des langues et à construire, par le biais de cette unification, la langue nationale. Notre propos est de montrer que les discours grammaticaux, ainsi que les discours littéraires, qui créent des langues nationales, sont des discours de la norme unique et de la langue homogène, sans variations, qui se fondent donc sur le principe de l’exclusion et qui résultent de l’opération de tri, telle qu’elle est conçue par Zilberberg. La deuxième partie de l’exposé porte précisément sur le discours des grammaires brésiliennes du XIXe siècle et des œuvres littéraires de cette même période, lorsque l’État-nation brésilien et la langue nationale du Brésil se sont constitués, afin de montrer qu’il est aussi un discours d’exclusion par tri, à l’instar de tous les discours de construction de langue nationale. Dans le cas présent, l’opération de tri consiste à se distancier du Portugal et de ses usages linguistiques. Toutefois, il convient d’observer que les discours des grammaires brésiliennes et de la littérature de cette époque, alors qu’ils s’affranchissent du Portugal, construisent et valorisent l’identité linguistique « métisse » brésilienne par l’opération de mélange avec d’autres langues et usages (ceux des Indiens, des noirs et des immigrés). Les discours implicatifs, comme le sont, en général, ceux qui construisent la langue nationale, n’admettent aucune conjonction, car leurs termes contraires s’y opposent. Seuls les discours concessifs autorisent l’impossible et opèrent la conjonction entre des contraires, d’où résulte le terme complexe. Pour créer leur langue nationale, les grammaires brésiliennes et les textes littéraires du XIXe siècle concilient, alors, les termes contraires de pureté vs mélange. Cette langue ainsi construite est à la fois portugaise et brésilienne, la même bien que autre, ou autre bien que la même.
responsiblesLazcano