L’explication en linguistique (séminaire du laboratoire d’Histoire des Théories Linguistiques (HTL Labex EFL 2014-2015), UMR 7597, Université Paris Diderot Paris 7) (2014)

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titleL’explication en linguistique (séminaire du laboratoire d’Histoire des Théories Linguistiques (HTL Labex EFL 2014-2015), UMR 7597, Université Paris Diderot Paris 7)
typeSéminaire
year2014
start_date2014/11/18
stop_date2015/05/19
schedule17h-19h
frequencybi-mensuel
activeno
websitehttp://carnetshtl.hypotheses.org/632
organisational_infoorganisé en partenariat avec l’axe 7 du Labex EFL.
summaryLe thème proposé ici invite à s’interroger sur ce qui constitue, pour une théorie donnée, une explication, et motive l’acceptation d’une explication. Une théorie est-elle reconnue comme explicative parce qu’elle apporte un gain descriptif, technique ou pratique ? La réponse semblerait évidente, si une partie non négligeable de la production conceptuelle des sciences du langage ne paraissait justifiée, ni par l’évidence d’une meilleure technicité, ni par une finalité pratique plus ou moins explicite (grammatisation, traduction automatique, conservation d’un texte ancien, didactisation des savoirs etc.), mais apporter néanmoins ce qu’on peut appeler un gain cognitif, en suggérant par là qu’il est plutôt explicatif que véritablement technique ou formel. Au vingtième siècle, la théorie de Gustave Guillaume, inaccessible aujourd’hui comme hier à toute validation ou réfutation empirique (neurolinguistique, dialectologique ou autre), mais dont les linguistes qui s’en réclament considèrent qu’elle « marche », qu’elle « est éclairante », peut passer pour un cas exemplaire d’invention conceptuelle produisant un gain cognitif de ce type, sans progrès empirique immédiatement visible. Dans le même ordre d’idées, qu’apporte à la Grammaire générale et raisonnée la théorie des jugements, quel bénéfice la description grammaticale en tire-t-elle ? Quels sont alors les critères en fonction desquels une théorie estime avoir réalisé un gain, ou reconnaît comme pertinents pour définir une bonne explication ? A quoi se rapporte le niveau jugé explicatif (universaux, fonctions discursives, rapports sociaux, nature humaine, cognition…) ? Ces critères peuvent aussi concerner la conception de la scientificité qui prévaut dans telle théorie, la nature des généralisations théoriques (par ex. doivent-elles être algorithmiques ou peuvent-elles être des approximations statistiques ?), l’acceptation du caractère normatif des phénomènes linguistiques ou au contraire l’affirmation « substantialiste » (Auroux 1998, La raison, le langage et les normes) que les connaissances produites correspondent à des processus réels. Dans la première hypothèse, la normativité doit-elle être considérée, un peu trivialement, comme un effet de la description ou bien faut-il y voir une propriété constitutive de l’objet lui-même ? Si on adopte à l’inverse une perspective réaliste, se pose la question du rapport à la validation externe (par d’autres sciences) et à des méthodes hétérogènes. Ces méthodes peuvent-elles réagir sur la théorie linguistique et en changer la nature ? Peuvent-elles être éludées, et par quels arguments ? A l’inverse, des descriptions peuvent être reconnues comme des artefacts ou des fictions. Cette approche fictionnaliste est en effet fréquemment défendue en théorie des modèles. Quel est alors le statut des généralisations ? Enfin, sont concernés les conflits théoriques entre approches rivales, dans la mesure où ces conflits portent sur ce qui doit, précisément, constituer une bonne explication, ou bien doit être rejeté comme une redescription redondante des phénomènes, une objection portant sur des faits périphériques, une incompréhension des engagements pris par la théorie en cause etc. L’enquête est ouverte à la prise en compte de la diversité des traditions linguistiques, y compris celles constituées à date ancienne et sous d’autres régimes de scientificité que ceux de la modernité.
responsiblesLazcano